27.7.10

pers.

parfois il est intéressant de regarder les génériques des films. Tout comme on pourrait comprendre la mentalité d'une personne en étudiant ses relevés de banque et ses factures de supermarché, on peut apprendre beaucoup de choses sur le cinéma rien qu'en lisant un générique. Je viens d'aller voir un film sans grand intérêt, The children are all right, de Lisa Cholodenko. A priori, on prendrait ça pour un "petit film indépendant américain" : histoires de famille tournées dans des maisons cossues et dans les rues de L.A. Or, quand on regarde le générique, il est monstrueux, long comme un jour sans pain. On s'aperçoit que l'actrice Annette Bening, qui n'est pas une superstar et n'a pas le rôle principal, a tout de même un maquilleur personnel (en plus des maquilleurs ordinaires). Tout ça pour jouer une mère lesbienne pas spécialement sophistiquée… Il y a trois assistants réalisateurs. Normal. Mais en plus la réalisatrice a aussi son “assistant personnel” (une sorte de petit toutou, qui doit lui apporter ses cafés). L'acteur Mark Ruffalo, idem, a non seulement une doublure, mais aussi son assistant attitré. Il y a d'autres doublures mais je n'ai pas eu le temps de voir pour qui. Evidemment, cinématographiquement je suis comme un habitant de bidonville, qui regarde, interloqué, la vie des grands bourgeois. Je parle de ça parce que j'essaie de comprendre comment fonctionne le cinéma américain. Tout ce raffinement doit être nécessaire, comme le nombre de larbins dans un palace doit rendre les choses extrêmement faciles (pour ma part, je ne supporte pas les laquais). Mais je me demande si les films ne seraient-ils pas meilleurs sans tout ce tralala émollient. Je me souviens avoir assisté au tournage d'un film roumain en hiver, dans le studio de Buftea, près de Bucarest. C'était exactement inverse. Ça se passait dans une sorte d'immense hangar sombre et désert, où dans un coin il y avait un petit bout de décor. Ça caillait. Et contrairement au moindre tournage de court métrage français, où on trouve en permanence une table remplie de victuailles (surtout des cochonneries genre bonbons Haribo et biscuits), des boissons chaudes et froides, là il n'y avait rien ! Pour déjeuner, chacun amenait son repas dans une sorte de tupperware. J'ai passé toute une journée là, sans rien à me mettre sous la dent. Heureusement, un assistant dévoué est allé m'acheter un sandwich dans une épicerie au diable-vauvert… Je sais qu'on va me dire que l'économie d'un tournage reflète l'économie de son pays de production… Je ne veux pas dire que la qualité (le rendu) ou le style d'un film dépend des conditions de son tournage, mais ça n'est tout de même pas étranger. Moi-même qui ai fait un film ultra-pauvre, j'ai mis en scène un personnage vivant dans des conditions très rudimentaires. Il m'a toujours semblé assez malsain qu'on filme des gens misérables avec un grand luxe de moyens (genre La route de Hillcoat). Il y a certainement des exceptions, mais pas tant que ça. En revanche, la vie des riches filmée avec une caméra amateur, ça peut être plus intéressant

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

no entiendo