30.6.09

mael**strom

k tout compte fait ce n'est pas tant Surfwise qui m'intéresse que ce qu'il suggère sur la norme et la marge de la société. Du coup, je me demande quel est le pourcentage de gens qui, dans les sociétés industrielles, passent complètement à travers les gouttes, ne sont répertoriés nulle part, n'ont aucune existence officielle, mais pourtant existent. Il suffit de ne pas avoir été déclaré à sa naissance et de ne jamais avoir eu à donner son nom quelque part (jamais ni téléphone, ni abonnements quelconques). D'ailleurs, dans le même ordre d'idées, il est possible que des personnes n'aient pas de nom. Evidemment c'est assez compliqué mais possible. En Papouasie ou en Amazonie, c'est plus facile.
Bon, cela dit, je commence à me lasser du cinéma, ce que je ne dirais sans doute pas si on voyait tous les jours des films de Tati. En ce moment, j'ai l'impression de n'assister qu'à des mascarades de bas étage. Et non seulement les Français demeurent des incapables en ce qui concerne le cinéma de genre, mais ils ont en plus la prétention de faire des films américains [réflexion valable pour le rock : on n'a pas encore vu un groupe de rock français qui produise autre chose qu'une imitation appliquée – dans le meilleur des cas]. C'est ce que j'ai constaté avec deux productions Europacorp (Luc Besson) vues coup sur coup.
D'abord un film de mafia, Little New York (Staten Island en v.o.) produit par Besson et Pascal Caucheteux (Why Not) et réalisé par un certain James DeMonaco, scénariste de Jack de Coppola et du remake de Assaut de Carpenter par Richet. Une pure production française, tournée à New York avec des acteurs comme Ethan Hawke et Seymour Cassel. Le hic c'est que c'est un film gigogne avec différents aspects de la même histoire narrés du point de vue de plusieurs personnages. Voir le personnage (chargé) de Seymour Cassel, un traiteur italien sourd-muet qui fait disparaître les cadavres pour la mafia. Il gagne au tiercé, mais ne sait pas quoi faire de l'argent, puis met un point final à l'histoire. Pourtant on ne sait rien sur lui, il n'a qu'un intérêt mineur. C'est une fiction entropique, qui avance, qui avance, mais sans but précis. Une variation sur Les Soprano (surtout le début) avec des touches scorsesiennes, mais
sans consistance. Idem pour I love you Phillip Morris (dont Besson est le producteur délégué), distribué par Europacorp, qui n'est qu'un Arrête-moi si tu peux (film de Spielberg avec DiCaprio), version gay. En dehors du titre, seul aspect amusant car c'est un pied de nez (involontaire puisque c'est un vrai nom) à l'antitabagisme américain, le film met tellement les bouchées doubles qu'il finit par gaver. Au lieu de nous montrer comment le héros accomplit des escroqueries et les fait gober à ses interlocuteurs, on se sert de tours de passe-passe. Genre, on monte la musique au moment clé. Cela ressemble à la bande annonce d'un film qui devrait durer vingt heures. Le seul a être comblé c'est Jim Carrey, l'acteur principal, qui peut ainsi ajouter une nouvelle facette à sa panoplie de clown. Hélas il a rarement dépassé son numéro de The Mask qui, lui, peut être considéré comme la bande annonce de toute sa carrière. Exception majeure, certes : l'immarcescible Man on the moon de Forman.
A part ça, le québécois J'ai tué ma mère est un gentil exercice de style, surtout à cause de sa fraîcheur juvénile, rappelant un peu Buffalo 66 de Gallo. Genre : on (dé)cadre
en dépit du bon sens les champs/contre-champs entre deux personnages, de façon qu'on n'a même pas l'impression qu'ils se parlent. Mais je trouve justement ça très bien ; cette pose un peu naïve de Xavier Dolan, acteur-réalisateur d'à peine 20 ans, a du charme… J'aime beaucoup moins ses constants effets à la Wong Kar-Wai. Musique plagiant celle de In the mood for love et ralentis extrêmes. Une fois ça va, dix fois c'est trop. Le cinéaste se justifie en parlant "d'hommage”. Elle est bien bonne…

28.6.09

' s

k tiens, je m'aperçois que je n'ai pas parlé de Surfwise, un documentaire qui pose des questions. J'y reviens dès que possible…

26.6.09

-§ pa no rama-------- -

k cette semaine, j'aurais dû voir Singularités d'une jeune fille blonde de Manoel de Oliveira, mais j'ai séché. Ce titre m'intrigant beaucoup de la part d'un centenaire, je pense que je le rattraperai sans faute. J'ai proposé à un journal qui m'emploie d'interviewer le cinéaste portugais, mais on n'a pas daigné me répondre parce que tout le monde est obnubilé par la disparition d'un chanteur quinquagénaire. Oliveira ne vaut-il pas le double ? Je vais essayer d'obtenir l'entretien pour L'Avenue… Ça serait pas mal et j'aurais de la place. Par ailleurs, j'ai eu droit à un mélo brésilien (Rio Ligne 174), qui ressasse plus ou moins toujours les mêmes clichés sur la pauvreté brésilienne (de Rio, en plus) ; un méli-mélo français qui revisite Boudu sauvé des eaux de façon vaseuse (Victor) ; un indépendant américain qui tergiverse sans fin sur le porno (Humpday) ; un mélo nippon vintage moyennement satisfaisant, disons du sous-Naruse (Une jeune fille à la dérive) ; hier du sous-Altman (Silver city) ; et aujourd'hui une sorte de remake de Ressources humaines, sur l'entreprise-cet-univers-impitoyable (Rien de personnel), qui ne risque pas de faire oublier le chef d'œuvre du genre (La personne aux deux personnes), dont on n'a pas assez loué en son temps la folie/vraie

25.6.09

oooo-o

" intrigué par la bande annonce, dans la même veine — gore —, du film norvégien Død Snø (Dead Snow), sur des nazis zombies dans la neige. Je vous épargne l'affiche (avec tête de SS coupée et tronçonneuse), mais l'idée, qui fait penser à un mix trash de Requiem pour un massacre et de Inglourious basterds, est intéressante. Malgré l'inévitable répétitivité du principe, comme souvent proche des jeux vidéos, la réalisation a l'air soigneuse. La langue norvégienne ajoute de l'exotisme à l'ensemble

24.6.09

tut_ti

" affiche superbe pour Daybreakers, film de vampire des jumeaux allemands Michael et Peter Spierig, venus de la série B australienne. On reste méfiant car c'est le genre le plus casse-gueule qui soit. Et le pitch ressemble à ces histoires à la mode de virus transformant les hommes en bêtes hargneuses. Dans le casting, Willem Dafoe, qui a beaucoup à se faire pardonner, notamment sa caricature de Max Schreck dans L'ombre du vampire, reconstitution chichiteuse du tournage de Nosferatu. En même temps j'écoute Jennifer Gentle, groupe italien méconnu, qui pourrait fournir une BO idéale pour un film d'horreur.
Entendu une chose incroyable à la télé : la peau noire et jaune de la salamandre correspondrait à un code naturel et universel signalant le danger, que les hommes auraient repris. D'où les couleurs de la Série Noire (et jaune chez Gallimard) et du giallo [jaune] italien ?

22.6.09

tå ti


k Tati m'a tuer.J'ai quasiment pleuré au début des Vacances de M. Hulot, tellement ça faisait plaisir de le revoir. Copie restaurée numérique. OK. Il me semble que le son en a pâti. Plus métallique. Mais peu importe. C'est évident que je m'identifie à M. Hulot. Mais me disais-je est-ce que n'est pas
aussi le cas des bourgeois bien pensants et bien rangés (style profs abonnés à Télérama) qui ressemblent à tous ces personnages socio-rigides aux comportements stéréotypés ? Je ne sais pas. D'un autre côté, je ne pense pas qu'on puisse parler d'anarchie ou de nihilisme. C'est plutôt une inadaptation aux conventions, une forme d'immaturité sociale. A priori, spontanément, je dirais que la spécificité du film est sonore. Tati, génie du gag sonore. La force du film c'est sa quasi absence de dialogues, qui laisse toute la place au son (et à la musique). Pourtant, la séquence (récurrente) qui me fascine le plus, et qui fascine aussi le personnage de Hulot, c'est celle de la guimauve. Elle descend inexorablement et on se demande quand elle va toucher le sol. Mais à chaque fois la main habile du marchand de glaces la rattrape au vol et la remonte. N'est-ce pas l'illustration du mythe de Sisyphe, de la condition humaine ? Evidemment cette baudruche philosophique éclate dès qu'il y a du désordre. A un moment, c'est le souk et il n'y a plus personne pour sauver la guimauve de la souillure fatale. Bon Samaritain, M. Hulot intervient et pose l'extrémité de la friandise dégoulinante sur le bord d'une porte entrouverte.
C'est drôle, j'ai connu un figurant du film, Serge De Filippi (père d'une amie d'autrefois). Il est dans la scène des randonneurs/beatniks où on aperçoit le sculpteur César (ils étaient au Beaux-Arts à l'époque)

20.6.09

$a ba do

k encore une fois j'ai parlé trop vite. Les autres épisodes de Suite noire sont bien inférieurs aux précédents (encore il y en a un je n'en ai pas vu un en entier, sauvé par le gong, car le DVD était naze). Aperçu quelques bouts d'un court-métrage sur Arte hier soir. Je n'en ai vu que des bribes, mais ça m'a intrigué. Ça s'appelle Dish, c'est réalisé par Brian Krinsky. Deux ou trois ados se baladent aux Etats Unis. Apparemment ce sont des latinos. On ne sait pas s'ils sont homo ou bi. Ils ont des coupes emo (cheveux longs effilés), notamment l'un d'eux qui squatte les toilettes de son boulot pour se lisser les cheveux. Ils ne parlent que de sexe, en termes crus et précis, jusqu'au moment où le héros se décide à passer à l'acte. Tout reste hors champ. Le ton et le style tranchent. Enfin, faudrait revoir ça "à tête reposée". J'aime bien le titre (Dish) qui ne signifie pas préparation culinaire, mais sexy ou canon. A suivre

ma*ni e

k quand je lis le mot diégèse je sors mon revolver. Je l'ai aperçu dans un blog de premier (ou plutôt de première) de la classe sur lequel je suis tombé par hasard, bourré de disserts rasoir sur le cinéma etc. Je cherchais sur Google s'il y avait bien comme dans mon souvenir une automutilation du sexe féminin dans Cris et chuchotements. Oui, c'est le cas, sauf que ça date des années 1970 et que tout reste hors-champ, of course. Amusant dans ce blog, elle se demande si Lars von Trier est le continuateur de Bergman, avant de décréter que c'est plutôt, finalement, Sokourov. Ah ouais, super…
A part ça ce matin j'ai encore moins dormi, car j'ai trouvé plus bruyant que Transformers : Public enemies de Michael Mann, qui reste un plaisant styliste, mais un piètre raconteur d'histoires. Il avait bluffé son monde avec Heat, à la suite de quoi on lui a accordé beaucoup de crédit. Mais maintenant il faut qu'il le rende. Il confirme encore une fois qu'il n'est pas à la hauteur. J'ai adoré le cadr(ag)e de son film et beaucoup réfléchi aux mérites comparés de
la pellicule argentique et du numérique (le film est en numérique), en me disant qu'ils ont tous deux leurs avantages et inconvénients (trop long à expliquer). Enfin, si je me posais des questions comme ça, c'est que je n'entrais pas du tout dans le film. On a l'impression d'avoir tout déjà vu des centaines de fois. C'en est soûlant. Un film archi-classique mais traité de façon trop distante. Il y a tous les morceaux de bravoure obligés, mais sans intensité, tout est dosé, posé, poseur. Dillinger est un héros sympathique et banal. A la limite, on se demande pourquoi il est gangster (parce que son père le frappait ? — sic/lol). Bon, il y a des beaux plans, mais à quoi ça sert les beaux plans ? Cela dit, après, j'ai vu un film encore plus insignifiant. C'est la série…

18.6.09

g ris

k journée déprimante car : 1. ciel gris ; 2. impression de rien faire ; 3. fainéantise réelle ; 4. film déprimant, Parque via, qui pousse à leur comble les options plates et behavioristes du cinéma mexicain : tout ce qui est raté dans le film est de l'ordre de la fiction ; tout ce qui est réussi provient du documentaire. Ridicule accumulation de faits sordides à la radio. Pourquoi n'a-t-on pas fait un documentaire sur le personnage (qui d'ailleurs joue lui-même son propre rôle) ? Mais le film aurait-il été bardé de prix sans l'acting-out final, qui tombe comme un cheveu sur la soupe ? Vu une adaptation télé de Daeninckx par Orso Miret pour la série Suite noire : On achève bien les disc-jockeys. Titre bidon (y a pas de DJ), film bien emballé. Pourtant il prend l'eau de tous côtés. Ce qui me frappe ce sont tous ces petits détails cousus de fil blanc. Finalement, ce qui gêne, c'est tout ce qui fait intrigue. C'est laborieux. Les infos à la radio dans Parque via, je me disais tout le temps : pourvu que ça ne soit pas une bande annonce de la fin. Et si, hélas… Idem dans le Miret : cette histoire de portables à la mord-moi-le-nœud… Une fiction réussie doit donner l'impression du hasard. Rideau

n u it

k quelque chose me dit que je vais bientôt arrêter ce blog. Pourquoi ? Parce que je n’ai pas réellement de raison de le faire. Ou plutôt, je cherche une raison, ou un écho à ce que j’écris. Mais peut-être suis-je déjà définitivement accro. On verra. En attendant, je n’ai pas beaucoup de choses à écrire, malgré ou à cause d’une journée relativement harassante. Je ne m’étendrai pas sur Le hérisson que je viens de voir, à part pour signaler un fait étrange : Le hérisson, qui ressemble pas mal dans son principe général à un film de 2002, L’idole, a le même compositeur, Gabriel Yared, et la musique est justement ce qui plombe le plus le film. A propos, hier soir j’ai regardé La musique de papa, téléfilm de Patrick Grandperret faisant partie de la série “Suite Noire”, qui est la meilleure fiction française sur le rock depuis Mona et moi (de Grandperret aussi). Pas un chef d’œuvre, mais relativement juste, nettement supérieur au roman de José-Louis Bocquet dont il s’inspire, notamment sur le plan des dialogues.
Pas de nouvelles de Bernard Cerf, producteur de mon film Crime, qui m’avait proposé de déposer mon projet Neige au CNC. Cherche producteur, et plus si affinités…

16.6.09

trans fo

k là je n'ai pas dormi ; difficile avec tout ce raffût. J'ai relu ce que j'avais écrit il y a deux ans sur le premier volet. C'était d'une indulgence… Transformers 2 pousse dans le rouge toutes les incongruités du 1 et de ses films frères du moment, Star Trek 11 et Terminator 4 — nettement plus articulés que ce flux de bouillie mécanique pour métaleux. En plus dans le film personne ne semble apprécier la sensualité de toute cette quincaillerie. Si seulement les scénaristes avaient lu Crash de Ballard… C'est pas le cas.

Tant qu'à être une potiche, Megan Fox devrait être miniaturisée. Shia LaBeouf en ferait un porte-clés ou un doudou auquel il se frotterait dans les moments critiques entre deux explosions (elle ne sert plus qu'à ça, la super-bimbo, car elle a déjà été conquise dans le premier volet). D'autre part, il y a cette délectation à détruire des monuments célèbres avec la grosse artillerie (notamment les pyramides de Gizeh ; Paris aussi est un peu écorné). Nouveau concept, le tourisme boum-boum = Terrotourisme ?

15.6.09

°pluvi eux°

k pas vu passer la matinée. Sans doute parce que j'ai pioncé à L'âge de glace 3. Bizarre, les dessins animés me font dormir [même ceux de Miyazaki, pourtant si sublimes]. Enfin L'âge de glace, j'ai l'impression que ça plafonne. Ils sont obligés d'appeler à la rescousse Le voyage au centre de la terre et Jurassic Park… Après, il y a le rendu technique, étonnant (surtout les fourrures). Qu'est-ce qu'ils cherchent ? La confusion entre réel et virtuel ? Vous me direz on y est déjà. Enfin presque. La question est : va-t-on arrêter un jour de pousser le cinéma d'animation vers l'hyperréalisme ? Ou alors va-t-on aller encore plus loin et inventer une réalité parallèle, totalement aberrante et quasiment palpable ?
[[J'ai peur : mon écran a la tremblotte. La vengeance du virtuel ?]].

Snobé le festival Pocket Films qui avait snobé mon film (court) Saint Petersburg by night — mon premier drame sentimental en quelque sorte… L'organisateur de Pocket Films, le Forum des images, a également refusé de me prêter une salle pour projeter Crime.
Laissé tomber avant la fin la relecture de L'Idiot que m'avait offert AW à la sortie du film de Léon. Il y a quelques années j'aurais classé ce roman dans mon top 10. Maintenant je suis perplexe. Tout cela est trop contradictoire et fouillis. Et je
m'y perds trop dans les noms. Enfin, c'était amusant de voir qu'une partie se passe à Pavlovsk, où je suis allé en janvier (et où j'ai eu peur d'un chien bizarre). Pour changer je lis un tout petit bouquin aussi facile qu'inconsistant, Biographie de la faim (que m'a prêté B) de Amélie Nothomb. Je le lis surtout parce qu'elle parle du Lycée Français de New York où elle a été élève et où j'ai travaillé jadis (pas au même moment). Jamais rien lu d'elle. J'ai rien manqué. A la fois gnangnan et frimeur. Impression que tout est faux dans cette pseudo-autobiographie (genre : alcoolique à dix ans) ; des inventions pour se faire remarquer. Ce n'est pas de la pose. C'est de la frime infantile

14.6.09

----------n'importe

k vérité banale : dans notre vaste monde, peu de choses raisonnables et rationnelles. Le hasard joue un rôle immense — sans parler de la force d'inertie. Des documentaires sortent en salle ; d'autres pas. Des navets qui n'auront aucun spectateur et laissent la critique indifférente sortent en salle. Des joyaux restent sur des étagères. Des longs métrages sortent direct en DVD et pas d'autres. N'importe quoi. Tout ça pour parler d'un DVD que j'ai reçu… Je sais j'ai dit que je déteste voir les films à la télé, mais parfois je suis obligé. Cette fois, bonne pioche avec Meurtres (inédit en salles) de l'inconnu Drew Barnhardt. Titre plus subtil en V.O. qui laisse entendre que ce n'est pas un slasher movie comme les autres : Murder loves killers too = le meurtre aime aussi les tueurs. J'avais regardé 30 minutes et j'avais mis le film de côté. Bande de jeunes en vacances ; maison dans les bois ; serial killer. On a vu ça un million de fois. Le réalisateur aussi. Justement, j'aurais dû me méfier. Faire gaffe au filmage direct et frontal. Zéro esbroufe. Hier soir, j'ai eu envie de voir la suite, par curiosité. Ça continue pareil : “Dix petits nègres” version Scream, etc. Tout à coup, le tueur se met à parler à sa victime, à s'expliquer, se justifier. Normalement, un serial killer (Jason, Freddy, Michael Myers) ça parle pas, sinon ça casse l'ambiance. C'est là où le film est fort. A partir de là, il avance par coups de théâtre inaccoutumés, à rebours des clichés, en restant à mi-chemin entre grotesque et sadisme. Je n'en dis pas plus ; tout repose sur la surprise. Sobre, limpide, humour cinglant. A côté,"Suite noire", collection de téléfilms policiers réalisés par des cinéastes connus, fait un peu pâle figure. Trop hybride. Visionné deux épisodes hier soir, Tirez sur le caviste d'Emmanuelle Bercot, et La reine des connes de Guillaume Nicloux — lequel se bonifie partiellement en optant pour une retenue relative (une gageure, vu le personnage principal, un travesti). On y reviendra

13.6.09

la lala


k oui, ce concert. Truc spécial : un concert privé dans un musée, suivi d'un cocktail. Le genre de raout où on me voit rarement (pas sociable). Mais il se trouve que je connais le chanteur, Pascal Héni, qui s'est fait un (sur)nom épisodique, Pascal of Bollywood, et vient de sortir un disque où il reprend une chanson que j'ai commise il y a longtemps. Ce qui m'intéresse plus c'est qu'en 1991 j'ai tourné un clip pour une autre chanson de lui, et que ce clip risque de resortir légèrement remonté, car il a aussi repris cette chanson (N'êtes pas très bavard) sur son dernier album. Ce clip, croyez le ou non, j'en suis presque content. Ce qui est assez rare. Bon, la chanson elle-même n'est pas ma tasse de thé, car j'ai un penchant marqué pour le rock anglo-saxon depuis toujours. Mais le clip a une particularité qui me semble assez rare : il parle de politique. Ou plutôt du monde politique. Il me semble qu'il préfigurait l'actuelle désaffection pour ce milieu, et le personnage principal, joué par le chanteur, a quelque chose de notre actuel président. On en reparlera quand il sera restauré, si ça arrive… Quant au concert il était plaisant dans le genre, mais je me sens presque incompétent pour en parler. J'étais surtout fasciné par le dispositif de l'auditorium du Musée du Quai Branly où, au-dessus de la scène, une immense baie vitrée donne sur le jardin. J'imaginais une séquence à la Blow up, où un crime serait commis au loin dans la verdure pendant que le chanteur bariolé s'époumone au premier plan… Idée que j'offre à qui voudra la prendre.
Un peu plus tard dans la soirée, une responsable de la Fondation Nicolas Hulot que je connais bien m'a reproché d'avoir évoqué dans un article une prétendue rivalité entre l'écolo maison de TF1, Hulot, donc, et celui de France 2, Yann Arthus-Bertrand, qui avait présenté son diaporama filmé (Home) sur la même scène en mai…

. i dio t

k le saviez vous ? Je n'aime ni Citizen Kane, ni La nuit du chasseur, ni Johnny Guitar, monuments indéboulonnables de la cinéphilie. Je dis ça juste pour énerver. Ce ne sont que des exemples parmi d'autres. Je pourrais tenter de me justifier, dire que Citizen Kane est pompeux et repose sur le grimage, que La nuit du chasseur pue l'artifice de studio (les plans sur les animaux, pipeau), que le personnage de Mitchum est clownesque ("love / hate" sur les doigts !), que Johnny Guitar c'est du romantisme de bazar, un mélo roman-photo déguisé en western, mais je sens qu'on me rétorquera que ce sont aussi des qualités. C'était juste pour dire, parce que la cinéphilie est très loin pour moi. J'ai des films préférés, mais qu'on ne compte pas sur moi pour en parler ici. Et encore faudrait-il que je les revoie, car j'ai souvent changé d'avis. Mais je revois rarement les films et je déteste les regarder sur une télé.
Autre chose, cette mode des séries télé.
Certaines séries ont un intérêt (j'en vois très peu), je n'en disconviens pas, mais qui peut affirmer que dans dix ans on s'en rappellera (un clou chasse l'autre), qu'on se souviendra de leurs réalisateurs/producteurs, et que certains d'entre eux sont de grands créateurs ? J'en doute toujours. On dit "ah JJ Abrams !" (hélas j'ai loupé le premier épisode de Fringe sur TF1), mais JJ Abrams au cinéma c'est aussi le très toc Mission impossible 3. Quant à son Star Trek, franchement ce n'est pas grand chose (voir le prologue à toute berzingue, pur écran de fumée pour faire genre), à part l'utilisation de Sabotage des Beastie Boys dans la seule scène jouissive. Au lieu d'aller vers plus de dynamisme/réalisme, caméra mouvementée, lumière crue avec projo dans l'objectif, ce qu'il fallait c'est accentuer l'aspect raide et carton-pâte de la série originale, pousser la bizarrerie guindée de ces hommes en pyjama des années 1960 dans un studio décoré comme une classe de maternelle. Pousser à son comble le faux que je décèle (mais qui est caché, pas assumé) dans La nuit du chasseur et Citizen Kane. Ce qui est pitoyable, c'est quand on veut faire passer le faux pour du réalisme. Ce qui est génial c'est quand le théâtral manifeste et affiché devient plus réaliste que le naturalisme de convention, le tourné à l'épaule, pire académisme du moment

12.6.09

ri e n

kj'ai beaucoup hésité à me lancer. Je ne peux pas affirmer que ça va continuer. Vediamo.
Aujourd'hui pas grand chose d'important. Notule sur
VBT pour les I, projection à Neuilly d'un film sri-lankais de Pasolini.
C'est hélas rigoureusement exact. Je ne suis pas du genre à plaisanter. Mais ce Pasolini là se prénomme Uberto, et ne semble pas totalement italien puisqu'apparemment il aurait produit un film avec Vincent Gallo (qui n'est pas italien, autrement il s'appellerait Vincente ou Vincenzo) et le très british The Full Monty. Il en a vaguement dupliqué le principe dans Sri Lanka National Handball Team, énième farce sociale sur les problèmes d'immigration du Tiers Monde (je sais que l'expression "Tiers monde" est contestée, mais elle reste pratique).
Ce soir, concert au Musée du Quai Branly. C'est également un truc un peu compliqué à expliquer. Donc j'en reparlerai après coup. Reste à écrire un texte sur
Sherrybaby de Laurie Collyer, un des rares films américains de la période qui ait titillé la vieille éponge molle qui me sert de disque dur.
P.S. je fais partie d'une secte qui s'appelle le genre humain — secte géante mais secte quand même, aux diktats risibles de laquelle je me conforme par pure faiblesse d'esprit, mais sans totalement y adhérer
P.P.S. je voudrais bien qu'une fois pour toutes on arrête de mettre l'adverbe "juste" à toutes les sauces, surtout pour marquer son enthousiasme (comme dans “juste génial”). Contresens piqué aux Anglo-saxons. Foi de Maître Capelo

11.6.09

be au f

k (j'ai finalement repêché ça de ma col non publiée de L'Huma. Au moins ça ne sera pas perdu pour tout le monde)
les beaux gosses, comédie potache de Riad Sattouf, qui joue en virtuose avec le mauvais goût, fait l'unanimité tout simplement parce qu'il propose l'équivalent français du sous-genre “affreux, sale et ado” popularisé par Hollywood (avec American Pie). De là à se pâmer à propos de cette simple histoire de branlette et de boutons, il y a un abîme qu'on se gardera de franchir, tant cela semble régressif et peu spécifique à notre époque. Car cette comédie n'est que l'énième avatar d'une thématique jadis illustrée par Pascal Thomas (Les zozos), puis Patrick Schulmann (P.R.O.F.S) ou Claude Zidi (Les sous-doué). Ce qui gêne n'est pas l'humour trash, ni la vision acérée des pulsions élémentaires des collégiens, mais un naturalisme trop vague et intemporel

bo o m

k noir et blanc factice de Somers Town, où l'on sent tout de suite la couleur, qui mettra du temps à arriver, puisqu'il faut attendre la dernière bobine – pseudo film de vacances de touristes à Paris. Problème dont je sais quelque chose puisque mon film Crime tourné en noir et blanc 16mm est devenu une espèce de gloubiboulga en 35mm couleur à cause des cinq premières minutes repiquées sur une VHS de 1991. Mais au moins, moi, j'annonce la couleur, et par contraste le noir et blanc du reste du film (60 minutes) est à peu près plausible. Reste le médiocre kinéscopage dû au manque de moyens, qui transforme les personnages en ectoplasmes moirés et solarisés, soulignés d'un liseré blanc dans les plans les plus contrastés. Bref, pour l'instant je laisse ce désastre en chantier et me replonge dans mes autres projets (Neige, Sable, NY80).


Grido de Pippo Delbono. La fausse bonne idée du film brut de décoffrage du théâtreux sauvage et otentik, style scrapbook. Seule sa relation bizarre avec le "fou" Bobo, devenu membre de sa troupe, parvient à soutenir l'attention. Beaucoup plus soft que Le roi de l'évasion de Guiraudie, mais avec lequel on peut le rapprocher en raison de leur gérontofolie/philie. Vu aussi un navet coréen (Le grand chef) dans une copie vidéo presque aussi pire que le prologue de mon film. Un spectateur bedonnant me traite de pauvre type dans le noir parce que je m'entretiens calmement de la médiocrité technique de la projo avec JM, critique d'un journal du soir. Very bad trip : oui, titre français bien trouvé (en anglais c'est Hangover : gueule de bois). Bancs publics : rétro, foutoir et obsession incompréhensible du cinéaste pour l'univers d'Hergé (il met la fusée d'On a marché sur la lune dans tous les coins). C'est déroutant. L'aspect Lubitsch du premier sketch, Tati du dernier (le meilleur) dans la quincaillerie, gratuit de celui du milieu dans le square. Mais c'est incroyablement vieillot. Comment fait-il pour avoir un esprit aussi poussiéreux (et une boucle d'oreille) ? Il y a des gens qui m'échappent. Encore, Otar Iosseliani, on comprend (l'âge, l'origine géographique). Mais Bruno Podalydès ? Et puis pourquoi toujours Versailles ? Manifeste de la vieille France ?
La femme invisible, très bonne idée mal traitée, du moins pas rigoureusement. Soit elle est vraiment invisible, soit personne ne la voit, soit on peut la toucher, soit elle est totalement immatérielle. Dans le film c'est un peu de tout ça, de façon aléatoire et approximative. Donc, pas intéressant…
Pendant ce temps on va racheter le journal qui héberge ma prose (Les I***) et une grève fait encore sauter ma chronique du samedi dans L'Humanité