30.1.10

ChrOO

parfois, les petits pédants de Chronicart m'amusent. Parfois. Parfois, ils m'énervent. Parfois, je suis d'accord avec eux. Souvent je trouve qu'au fond ils sont très conformistes. Ils ont beau jargonner à qui mieux mieux, je ne suis pas dupe. Les gens qui emploient des mots savants ou étrangers à tout bout de champ sont suspects. Longtemps j'ai tenté d'écrire de manière ampoulée et frimeuse, mais ça m'a passé. Les auteurs que j'admire le plus sont intelligibles. Comme disait Nicolas Boileau : "Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement…” C'est pourquoi je me suis poilé quand j'ai lu dans Chronicart à propos du docu chicos de Pedro Costa, Ne change rien : A ce degré de psittacisme, la durée ne veut plus rien à dire” (sic). On emploie un mot recherché mais dans la même phrase on fait une faute de syntaxe. Cherchez l'erreur. L'ennui avec Internet c'est qu'il n'y a pas de secrétaires de rédaction, donc personne pour relire la copie de ces petits précieux. Tout fout le camp
P.S. Je ne connais pas bien Chronicart. Je viens par curiosité de lire un article de la rubrique littérature. C'est exactement le contraire de ce que je disais sur les critiques ciné : langage fluide et limpide. Ouf !

29.1.10

aCT

feuilleté Le Film Français et constaté que le seul pays sur 16 à résister à l'invasion avatarienne, dans le tableau hebdomadaire du box-office international, était la Suède, où le ?@&*£! de Cameron est bon deuxième, loin derrière un thriller local nommé Snabba Cash (Easy Money)

autre constat : le 31 mars, on annonce pas moins de quatre films réalisés par des acteurs : celui de Anne Le Ny (Les invités de mon père), qui n'est certes pas une mégastar ; celui de Francis Kuntz (Henry), pensionnaire de Groland, à l'origine auteur de BD, qui profite apparemment de la brèche ouverte par ses petits camarades Kervern et Delépine ; celui de Judith Godrèche (Toutes les filles pleurent) — sans commentaire ; et celui de Pascal Elbé (Tête de turc). J'oubliais, la semaine suivante il y a celui de et avec Julie Delpy (La comtesse), devenue réalisatrice à part entière… Le but n'est pas de dire : les films d'acteur c'est pas bien. Mais plutôt constater un glissement persistant. Tous les comédiens ne réalisent pas des comédies. Mais c'est une tendance. Je dégagerais une sous-tendance : celle des comiques qui réalisent des comédies. Ils sont légion. Tous les Nuls y sont passé (ou presque) ; les Robins des bois, idem. Etc. A priori des gens qui ne voient dans le cinéma qu'un vivier parodique. Ils ne font donc que des imitations de films (genre celui de Jean-Paul Rouve sur Spaggiari, parodie de polar seventies). Des imitations, ça veut dire en général des œuvres destinées à faire rire par leurs approximations. La plupart sont des gens apparus à la télévision, qui ne forme guère, quoi qu'on dise, à l'exigence esthétique, du moins pas les sketches comiques. La comédie est un genre qui marche toujours, surtout s'il y a du second degré et de l'action. Bref, les comédiens/acteurs/frimants de tous poils ont toutes les chances de pouvoir réaliser leur daube, à condition qu'ils aient une petite notoriété télévisuelle (équivalent d'une grande notoriété cinématographique). Cette notoriété est donc la valeur absolue qui décide de la réalisation d'un film, en général tourné pour le cinéma, mais en réalité destiné à la télévision. D'où un appauvrissement permanent et croissant du cinéma français. Ce qui le mine ce cinéma français, bien plus que l'américain, moins sensible aux aléas sociétaux, c'est précisément l'emprise de la société, du commerce et des médias. On fait deux films sur Coco Chanel, en partie pour promouvoir un produit commercial typiquement français (la marque Chanel) ; idem pour Gainsbourg dont on doit vouloir relancer le catalogue de chansons. Les cinéastes-cinéphiles, les inventeurs, n'ont plus qu'une place minuscule dans cet océan de produits où le cinéma n'est qu'un support parmi d'autres

28.1.10

~ ENTR'ACTE ~

juste une course à faire… je rev ie ns

25.1.10

>>------->

supposons que vous ayez loué une voiture pour faire un trajet quelconque. Vous roulez en rase campagne pendant un moment, puis il commence à faire nuit. Vous continuez, mais vous vous apercevez soudain que vous n'allez plus avoir d'essence. Aucune pompe aux environs. Inévitablement, vous tombez en panne. Votre portable ne capte pas. Qu'à cela ne tienne, vous décidez d'aller quérir du secours à pied. Après de longues minutes de marche, vous avisez une lumière. Vous arrivez à cette maison perdue dans la brousse, et vous frappez à la porte. A ce moment, tout dépend du pays où vous trouvez. Si vous êtes en France, on vous répondra ou pas, mais ça n'aura vraisemblablement pas de conséquences néfastes. Si vous êtes aux Etats Unis, il y a beaucoup de chances qu'on vous réponde à coup de M16 ou d'AK 47. C'est ce que j'ai déduit d'un magazine aperçu l'autre jour sur TF1, où l'on voyait un brave Américain, père de famille nombreuse, bon chrétien et heureux de l'être, qui apprenait à sa progéniture à se servir d'armes à feu. Il était très fier d'avoir adapté un fusil mitrailleur pour un de ses enfants de six ans. C'est tout à fait dans le prolongement de cette info que j'avais publiée il y a plusieurs mois sur Johnny Depp (clic).
Après, l'Amérique a des bons côtés, mais ne me racontez pas qu'il n'y a pas de bavures domestiques. Genre : l'ado contrarié qui envoie machinalement une giclée de balles à ses parents. Pour moi cet esprit est lié aux origines mêmes de l'Amérique, fondée sur le sang des Indiens. Traitez moi de nunuche tiermondiste, d'oncletomiste, de bobo politiquement correct, ou je ne sais quoi, mais je suis plein de compassion pour ces hommes du néolithique (très tardif) qui ont servi de carpettes aux chrétiens anglais qui les ont envahi et se sont baptisés "Américains”. Après avoir vu quelques documentaires sur la question, je me rends compte que les Etats-Unis ont d'abord testé leur système guerrier et conquérant sur les Indiens, puis sur les Anglais (Indépendance), sur eux-mêmes (Sécession), avant de l'appliquer ailleurs (Corée, Vietnam, Irak, Afghanistan). Le vrai problème des Indiens était d'être trop confiants et trop dispersés. Après on va rire et me traiter de naïf (que je suis), me répéter que la violence est inhérente à la nature humaine, und so weiter. Je sais, j'en suis conscient. Mais il y a violence et violence. Ne me dites pas qu'Avatar s'inspire de ce processus. Il le fait sur un mode farcesque, prônant la sauvegarde d'une nature fantaisiste. L'Amérique n'a jamais été amie avec les Indiens. Elle les a transformés en icônes virtuelles, en décor de Disneyland

22.1.10

ttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttttt

il me semble entendre certaines rumeurs laudatives sur La vie au ranch, premier long de Sophie Letourneur. Ces critiques qui se pâment la bouche en cœur auraient pu s'intéresser un peu à ses moyens métrages Manue Bolonaise et Roc & Canyon lorsqu'ils sont sortis. Il n'y avait presque personne aux projections… Moutons !

un peu injuste avec le cinéma italien (ravagé par Berlusconi et sa télé-bouffonne). Je ne retire rien, mais il est vrai qu'il y a de temps en temps des exceptions qui confirment la règle (outre Cipri et Maresco, résistants siciliens). Par exemple, le charmant Déjeuner du 15 août, de et avec Gianni De Gregorio (l'an dernier), qui a failli ressusciter la comédie à l'italienne, mais manquait tout de même un peu de peps. Il y a aussi le miraculeux La pivellina, de Tizza Covi et Rainer Frimmel, qui sort le 17 février, mais on sent tout de suite que c'est un objet solitaire, un film totalement outsider, non seulement réalisé par des ex-documentaristes, mais à moitié autrichien. Donc un exemple assez particulier. Cela n'enlève évidemment rien au plaisir de voir ces plans-séquences dans un no man's land italien, chez des saltimbanques près de Rome, avec une petite fille (la "pivellina" du titre) craquante ; de la pellicule, du grain, des rayures. Pour un peu on se croirait dans le cinéma d'antan. Un film parfait, qui coule de source et qui coule comme une source…
j'aime bien passer pour le mec obtus à l'ancienne, incapable de voir de l'art et de la poésie ailleurs que dans les œuvres estampillées comme telles, incapable de déceler dans les produits industriels, les films et les séries hollywoodiennes, la magie et l'ombre qu'elles peuvent receler parfois, comme en contrebande. J'aimerais bien… mais rien n'est simple. A l'époque où j'écoutais du rockabilly à fond la caisse, j'aimais aussi, presque en secret, Kraftwerk, summum de la musique synthétique. De même, j'ai assez peu de goût pour les séries télé (et encore Lost, je reste fidèle), idem pour les blockbusters à effets spéciaux. Mais je dois avouer qu'il y a quelque temps, on m'avait prêté un téléphone portable pour faire des films (exemple, mon court-métrage sur les Champs Elysées clic). Et sur ce portable, il y avait un jeu de golf que j'adorais. Je trouvais un vrai mystère dans ces étendues de gazon, ces arbres, ces lacs, et surtout ces inquiétantes zones noires où la balle allait parfois se perdre. C'était un objet complètement synthétique, un pur amas de pixels, pourtant ce jeu vidéo avait un côté romantique. Donc, je peux comprendre…

remue-méninges : pour certains (mes préférés), mon blog est "poisseux, cafardeux, ruminatoire" ; pour d'autres mes propos sont "inutiles et banals" (je n'ai jamais promis de l'utile et de l'original) ; pour d'autres encore, je serais un faux rebelle. Ce qui est sans doute vrai, sinon j'aurais déjà tout brûlé depuis longtemps. Comme quoi, un blog c'est un test de Rorschach, chacun y voit midi à sa porte, chacun y voit le reflet de ses fantasmes, de ses pensées ou de ses non-pensées. Il y a quasiment une nouvelle catégorie grâce à Internet : les critiques sur des critiques, les commentaires sur des commentateurs
PS : j'adore passer aussi pour un idiot. Mais en fait je suis vraiment un idiot ! C'est bien pour ça que j'adore des trucs idiots comme Benny Hill - Mr Bean - Panique au village - Futurama

20.1.10

in------------------

le cinéma italien n'arrête pas de me désoler. Heureusement, il y a quelques exceptions comme Toto qui vécut deux fois de Cipri et Maresco (sur lequel j'ai des réserves, mais qui reste une grande réussite esthétique). La plupart du temps les Ritals se lancent dans des fresques rétros étouffantes. Bellocchio, encensé par la critique, en est devenu le grand maestro (après l'affaire Aldo Moro, il nous a fait l'histoire de Mussolini). On a oublié qu'autrefois, avant de devenir un illustrateur passéiste, Bellocchio était synchrone avec son temps et incarna ce qui ressembla le plus à la Nouvelle Vague en Italie. On le voit dans le nouveau pudding de Michele Placido, Le rêve italien, quand le héros regarde Les poings dans les poches de Bellochio, d'une beauté intacte. Le rêve italien est encore une reconstitution historique à la noix sur mai 68 en Italie. Encore une preuve que le roman photo est redevenu la norme dans un cinéma italien désespérément romantoc (genre : les jeunes rebelles font l'amour avec des violons en fond musical pendant que les flics chargent le bâtiment qu'ils occupent), et désespérément illustratif. Remarque valable également pour ce brave Bellocchio. Antonioni aussi était parti du roman-photo, mais il l'avait distendu, il y avait introduit du mystère, de l'abstraction. Bref, il l'avait repensé à la manière de Giorgio de Chirico (remarque valable aussi pour Dario Argento, qui avait ajouté du de Chirico dans le giallo). Les illustrateurs italiens d'aujourd'hui se contentent d'acteurs mannequins interchangeables (et pas rasés) et de bluettes sur fond historique

p.s. Cela dit, l'Italie est plus belle que la France. E molto bella, mamma mia !

d'après David Lynch, qui a eu 64 ans aujourd'hui (comme dans une chanson des Beatles auxquels il a piqué leur gourou des sixties), il faisait 10°C et un temps très gris à Los Angeles ce matin. Soit quasiment la même chose qu'à Paris

19.1.10

o))))))))))))))))))))))

il y a un phénomène courant, celui des films jumeaux. Exemple : les deux récents sur Chanel, ou bien Le Livre d'Eli, avec Denzel Washington, quasi-plagiat de La Route de John Hillcoat. Il y a pire : j'ai découvert une sous-catégorie nommée le “mockbuster”, film à bon marché imitant un gros succès et entretenant une certaine confusion avec le titre. Une compagnie américaine, The Asylum, s'est spécialisée dans ce sous-genre. Elle vient par exemple de produire un Sherlock Holmes en profitant de la sortie de celui de Guy Ritchie. Elle a également, par exemple, sorti un War of the worlds concurrent de celui de Spielberg, ou un Da Vinci Code Treasure, où l'on retrouve même des acteurs connus comme Lance Henriksen (découvert dans Aliens ou Terminator et devenu la vedette de la série Millenium de JJ Abrams) ou l'un des Outsiders de Coppola, C. Thomas Howell, qui avait débuté dans E.T. de Spielberg. Howell semble être devenu l'un des pensionnaires de The Asylum, soit comme acteur soit comme réalisateur. Evidemment tout ça c'est du direct-to-video

p.s. on remarque qu'ils proposent un Paranormal entity, plagiat évident de Paranormal activity. La pitoyable bande-annonce de Paranormal entity (clic) prouve qu'il ne suffit pas d'être fauché pour réussir un film

18.1.10

Spock

incroyable : je me suis rendu compte que Leonard Nimoy, l'acteur qui jouait le rôle de Spock dans Star Trek, avait la même voix chantée que Johnny Cash (âgé). On a dû le lui dire, d'ailleurs, parce qu'il a chanté I Walk the Line de Cash. Confondant

quelque chose me dit que Naomi Klein, l'égérie de l'altermondialisme, est bidon. Enfin ce quelque chose c'est un documentaire que Michael Winterbottom a tiré de son livre La stratégie du choc. Je pourrais expliquer pourquoi (notamment des amalgames très approximatifs), mais ça serait trop long et je suis fatigué

16.1.10

trois-dés

question idiote (j'adore les questions idiotes) : pourquoi ne fait-on pas des comédies/polars/documentaires en 3D ?

drôlissime parodie de Mad Men en 60 secondes : clic


P.S. En fait je sais qu'il y a eu quelques documentaires en relief, et quelques polars comme Le Crime était presque parfait de Hitchcock. Mais ce sont des exceptions, déjà anciennes


15.1.10

Kurosawa 2

resurvolé le livre d'entretiens de Kiyoshi Kurosawa *. L'inconvénient est que celui qui dialogue avec lui, son ami critique, également réalisateur, Makoto Shinozaki, connaît si bien Kurosawa qu'il a tendance à répondre à sa place. Ses questions sont souvent bien plus longues que les réponses. Mais on entrevoit beaucoup de choses sur le fantastique, l'horreur japonaise, dont on s'aperçoit qu'on ne connaît pas finalement grand chose et que les œuvres les plus importantes du genre ne sont jamais sorties en France. Dans cet ouvrage trop bref, Kurosawa parle essentiellement de ce genre, remettant certaines pendules à l'heure et s'attardant sur son panthéon de l'horreur. Exemple : “Ma passion pour les films d'épouvante a abouti à une admiration inconditionnelle pour le cinéma lui-même, et Le moulin des supplices [de Giorgio Ferroni] a été le point de départ”. Film italien des années 1960 que je ne connais pas mais que Kurosawa donne envie de voir : “Dans la plupart des films d'action, la mort d'un personnage ne prend qu'une seconde ; dans les films d'horreur et d'épouvante, elle dure un certain temps. Le moulin des supplices va encore plus loin : il prend le parti de montrer différents états intermédiaires entre la vie et la mort.” Par ailleurs il parle longuement de Dreyer — de Vampyr en particulier —, avec lequel il avoue avoir un “lien mystérieux”. En revanche, il semble détester ou bien dédaigner Hitchcock, se gaussant de la fausseté de la scène de la douche de Psychose car on ne voit pas les impacts (coups de couteau). Il décrit également les plans du visage de Tippi Hedren dans Les Oiseaux, quand elle assiste à l'incendie de la station d'essence : “Il n'y a que Seijun Suzuki pour se moquer ainsi des gens. C'est comme si Hitchcock disait : "Voilà, c'est ça le cinéma. Ah ! Ah !" Je déteste ça ! Quand on regarde attentivement ses films, on se rend compte qu'il pratique souvent ce genre de choses.” On aurait aimé en savoir plus, mais, hélas, Kurosawa ne s'étend pas sur le sujet. En revanche, il ne tarit pas d'éloges sur Richard Fleischer, et en particulier sur son Etrangleur de Boston, qui aurait été la matrice de Cure : “La manière dont Fleischer met en scène la confusion du héros, ses efforts pour se rappeler son passé, est très audacieuse. J'admire ce film.” Il y a aussi de nombreuses réflexions sur la série Z horrifique, que je connais mal. Kurosawa explique par exemple qu'il préfère certains films de Lucio Fulci, même s'il ne les trouve parfois “pas très bons cinématographiquement”, aux opus respectés de George Romero. Un autre de ses films culte est Le Corps et le fouet de Mario Bava. On apprend également que Les Dents de la mer de Spielberg a inspiré un de ses premiers films, Sweet Home (1989), dont il est beaucoup question. Hélas, on ne l'a pas vu en France. Une grande partie de la filmographie de Kurosawa reste enfouie (son film Door III n'est sorti qu'en DVD, tout comme un de ses chefs d'œuvre, Doppelgänger ; et je n'ai pas réussi à convaincre son distributeur, Arte, de sortir son étonnant Aride illusion). Espérons que le succès critique de Tokyo Sonata en 2009 permettra que le reste de ses films sorte enfin. Autre cinéaste clé pour le Nippon : Tobe Hooper. Son Massacre à la tronçonneuse est un des films de chevet de Kurosawa, qui ajoute : “c'est Massacres dans le train fantôme qui a été décisif pour moi. J'ai compris en voyant certaines images qu'Hooper et moi partagions le même univers : le wagonnet de manège chargé d'une victime et roulant doucement ; les rouages en marche sous la baraque foraine à la fin du film et par lesquels le monstre est lentement broyé… Le but d'Hooper n'est pas de choquer par de la cruauté gratuite. L'une des choses qui l'intéressent, c'est de mettre en scène la mécanique implacable qui conduit à la mort. A l'écran cette mécanique fatale se manifeste à la fois comme motif et comme mouvement du récit.”
* Mon effroyable histoire du cinéma (Ed. Rouge profond, 2008)

14.1.10

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

ceux qui parlent de cinéma et ne regardent les films que sur des écrans vidéo de 30 cm (ordinateurs) de long ou de 1 m maxi (téléviseurs) ne peuvent pas parler de cinéma.
Le poids et l'emprise de la télévision ont peu à peu fait oublier le vertige de la projection et de l'agrandissement.
On ne voit rien sur un écran miniature, les acteurs ne jouent pas pareil pour le cinéma et pour la télé. Au cinéma Mitchum n'avait qu'à légèrement plisser les yeux. Ça ne sera plus possible.
Le syndrome a atteint les réalisateurs, qui tournent leurs films en regardant un combo, comme s'ils étaient dans leur salon devant leur télé…
Si le cinéma mondial s'uniformise, s'il est obligé de devenir bruyant (car le son des petits écrans est faiblard) c'est pour cela.
Est-ce qu'on peut dire qu'on a vraiment vu un tableau quand on a vu sa reproduction dans un livre ?
Godard a eu jadis quelques réflexions fulgurantes sur ces questions (comme son histoire de lever les yeux quand on est au cinéma et les baisser devant un écran de télé).

Ne change rien de Pedro Costa : le parfait produit indé à offrir au bobo parisien pour Noël 2010. Si charmant et si futile. Jeanne Balibar chantant est-elle la Madame Jourdain de notre époque, la “bourgeoise gentille-femme” ? Costa filme chaque plan comme une pochette de disque (on imagine déjà l'expo à la Fnac). Il confond documentaire et photo. Depuis Tetro, une chose est sûre : on ne pourra plus tourner un plan de traviolle en noir et blanc sans faire rigoler… Coppola tête de veau…
Pendant ce temps une tisseuse leucémique dans une usine chinoise nous lamine le corps et l'esprit

“La cruelle amante de Jérôme, sensible, mais trop tard, à l'amour extrême que ce jeune homme avait eu pour elle, fut charmée de la proposition de son mari, qui la mettait à portée de rendre les derniers devoirs à celui dont elle avait, en quelque sorte, sujet de se reprocher la mort. Elle se couvrit donc d'une cape et arriva à l'église le cœur plein de tristesse. Qu'il est difficile de connaître les puissants effets de l'amour ! Le cœur de cette femme, que la brillante fortune de Jérôme n'avait pu toucher, fut vivement ému et attendri à la vue du convoi ; la passion qu'elle avait eue autrefois pour ce fidèle amant reprit tout à coup son premier empire. Son cœur s'ouvrit au repentir et à la plus vive compassion, et s'abandonnant entièrement à la douleur, elle suit le deuil dans l'église, perce la foule, pénètre jusqu'à l'endroit où repose le corps de Jérôme, se jette sur lui en sanglotant et en poussant un cri qui alla jusqu'au cœur des assistants. A peine eut-elle vu le visage de celui que le chagrin de n'avoir pu l'attendrir avait étouffé qu'elle fut étouffée elle-même par la force du sentiment douloureux de l'avoir perdu. Les autres femmes, sans savoir qui elle était à cause du voile qui la couvrait et qui la prenaient peut-être pour la mère du défunt, se mettent aussitôt en devoir de la consoler et de la faire retirer ; voyant qu'elle ne bougeait pas de place, elle la saisissent par le bras et la trouvent morte. Leur étonnement redoubla lorsque après lui avoir ôté le voile, elles la reconnaissent pour la fille de Silvestre, que Jérôme avait tendrement aimée.”
Giovanni Boccaccio : Le Décaméron

12.1.10

serial

je n'ai rien contre les séries télé. Je reste curieux. Et comme je l'ai déjà dit, j'ai peut-être été le premier à écrire (longuement) sur des séries dans les Cahiers du cinéma. Mais il y a un problème prosaïque et matériel : non seulement il faut les télécharger, les streamer, et tutti quanti, ce qui prend déjà pas mal de temps ; en plus, elles sont extrêmement nombreuses. Ensuite il faut les regarder, ce qui prend encore plus de temps. Alors je ne comprends pas comment, à moins d'être souffrant, retraité ou rentier, on pourrait réussir à suivre toutes les séries intéressantes, et parallèlement aller au cinéma (quand comme moi on y est professionnellement contraint), et puis lire un peu et écouter de la musique. Certains y arrivent. Pour moi, il faudrait plusieurs vies. Le seul rythme qui me convient c'est un visionnage hebdomadaire, comme lorsque Lost était diffusé sur TF1 cet été. A ce propos, j'ai entendu à la radio ce matin qu'Obama aurait été contraint de différer le traditionnel discours présidentiel sur l'état de l'Union, initialement prévu le 2 février 2010, car c'était aussi le jour du démarrage de la dernière saison de Lost aux Etats-Unis. Incroyable : la fiction dicte sa loi à la politique ! (En fait, pour certains, ce report à cause de la diffusion de Lost ne serait qu'un prétexte tactique. Il permettrait à Obama d'attendre que sa réforme du système de santé soit entérinée avant de faire son discours)

je me demandais d'où sortait ce groupe annoncé à Bercy avec force affiches : Thirty seconds to Mars. Ce n'est pas la première fois que je passe à côté d'un phénomène populaire. Après vérification, surprise : Thirty seconds to Mars est le groupe de l'acteur Jared Leto, qui apparemment parvient à mener deux carrières de front. Ecouté vaguement quelques extraits sur Itunes. Ouh, là là, la soupe ! Une sorte de pop-rock à la U2 avec un zeste d'emo en prime… Je comprends que ça plaise. Personnellement, mon type de power-pop à moi, c'est plutôt Queens of the Stone Age… Leto se trouve par la même occasion en pleine actualité cinématographique, puisque demain sort Mr. Nobody de Jaco Van Dormael, une fable surréalistico-futuristico-publicitaire dans laquelle il a le rôle principal. Au moins, il est cohérent dans la gnangnantise

9-6p

11.1.10

Eric Rohmer

Eric Rohmer est mort à 89 ans. La dernière fois que je l'avais aperçu, sortant du musée de Cluny, il me semblait mal en point (très loin du svelte marcheur avec sac à dos que j'apercevais jadis dans le métro ou le RER). Dommage. C'était mon préféré de la Nouvelle Vague avec Godard. A chaque fois que je parle de la spécificité du cinéma français, je cite Rohmer. Il représentait avec Renoir la quintessence de l'esprit français.
— suite………………… quand je parle d'esprit français, ce n'est bien sûr pas au sens nationaliste (il n'y a pas de grands artistes nationalistes, Dieu merci), mais c'est aussi presque un peu péjoratif. Ce que j'entends par esprit français, c'est une science ornementale, un raffinement extrême pour dire ou enrober des futilités. Rohmer c'est l'insoutenable légèreté de l'être français. Comme Proust. Des artistes sans la moindre profondeur mais d'une immense élégance. La quintessence du style français reste le jardin du même nom : de vains entrelacs d'une délicatesse infinie. Pour moi, la force de Rohmer était de filmer des pièces de théâtre comme des documentaires. Personne d'autre ne l'a fait, dans aucun autre pays. Voilà sa spécificité

Clint Eastwood n'est pas mort. Je boycotte son Invictus, mais il m'a encore énervé tout à l'heure sur les Champs Elysées où on a placardé des dizaines de photos géantes de ses films. Redneck déguisé en humaniste, il représente pour moi ce que l'Amérique a de plus obtus et hypocrite (contre exemple parfait : Ford)

10.1.10

howdy'

jamais vu Brokeback mountain, mais j'entends la bande son du film visionné dans la pièce à côté. Rien que cette musiquette camaïeu western, ce côté soniquement correct, me dit qu'encore une fois le père Ang Lee a tout faux. Il n'y a pas pire sophiste [enfin sophiste n'est pas le mot exact ; je veux dire "marchand de fausse monnaie” qui se satisfait de leurres grossiers et de flatteries] dans le cinéma d'aujourd'hui. Je vais aller en voir quelques images (à peine car je suis un inconditionnel de la salle obscure à l'ancienne pour les films de cinéma) et en reparlerai s'il y a lieu…

P.S. Pas réussi à en regarder plus d'une minute et demie. Ces cowboys et décors de carte-postale auquel on a surajouté l'effet-homo pour émoustiller et faire politiquement correct à la fois me débectent…

9.1.10

listomania (2)

apparemment tout le monde a eu l'idée de la liste des films des années 2000. Imdb, le plus puissant (ou l'un des plus consultés) site(s) de cinéma a compilé les 100 films les mieux notés par ses lecteurs (clic ®). En tête, The Dark Knight de Christopher Nolan, ce qui est à moitié une surprise. Hélas, il est immédiatement suivi par Le retour du roi, troisième épisode du Seigneur des anneaux de Jackson. L'autre jour je regardais distraitement des bouts du premier épisode du Seigneur que quelqu'un visionnait chez moi. Cela m'a confirmé dans l'idée que ce cinéaste au goût immonde (contrairement à Nolan), n'est qu'un illustrateur. Ce qu'il démontre de la manière la plus éclatante avec sa dernière bouillasse, Lovely Bones. Je trouve très pertinente la remarque de Christophe Gans (réalisateur et ex-critique qui suit toujours avec autant de passion l'actualité hollywoodienne) selon laquelle la force de Cameron dans Avatar serait d'intégrer parfaitement virtuel et réel, effets spéciaux et personnages vivants. Alors que Jackson, notamment dans son King Kong, utilise ces effets comme des vignettes plaquées et indépendantes, des simples toiles de fond animées. Cette réflexion sur King Kong s'applique également au Seigneur des anneaux où la mise en scène statique positionne souvent les comédiens en arrêt devant des décors spectaculaires donnés comme tels. Des toiles peintes théâtrales et kitsch. Cela ne change pas ce que je pense d'Avatar. Mais je reconnais à Cameron un grand sens dynamique, une incroyable souplesse dans sa mise en scène. A choisir, je préfèrerais revoir Avatar à n'importe quel épisode du Seigneur des anneaux. Tout est relatif. Je brûlerais tous les films de Cameron pour sauver Andrey Rublev
Dans le Top 100 de Imdb, on trouve à la 32e place un film de guerre turc dont je n'avais pas entendu parler : Nefes de Levent Semerci. J'ai vu la bande annonce. Pas mal réalisé a priori, sans plus. Après, savoir si ça n'est pas une œuvre patriotique dont l'enjeu est le triomphalisme anti-kurde. Je serai toujours pour les minorités (peuples et cinémas minoritaires même combat)
Imdb publie également un worst 10 : apparemment des séries Z inconnues, dont l'une au titre éloquent : Dead at the box-office

créé parallèlement un blog photo (clic ®). Uniquement des photos originales, de moi ou de proches

8.1.10

¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨

en Chine, tu poses ta caméra n'importe où, tu tournes, et c'est tout de suite beau : cf. La Tisseuse de Wang Quan An




————————————————————photo de Wang Di

ki - ku ----

nouvelle interview inédite sur mon blog annexe (clic ®) : Kiyoshi Kurosawa, en 2001, au moment de la sortie de Kairo, un de ses chefs d'œuvre. Entretien curieusement réalisé par vidéoconférence avec tout un tralala technique (studio), alors qu'aujourd'hui n'importe qui peut faire ça de chez soi avec Skype. Soit dit en passant, je reviendrai un jour sur un savoureux livre d'entretiens de Kurosawa avec un critique nippon de ses amis. Le titre est tout un programme : Mon effroyable histoire du cinéma. J'aime beaucoup ce livre car on y voit quelqu'un qui n'a de cesse de pourfendre les consensus complaisants de la cinéphilie bien élevée. Je ne le suivrai pas aveuglément dans sa passion pour le cinéma d'horreur, mais Kurosawa (le jeune) est le moins académique qui soit…

7.1.10

¥----------Ô

The Rebirth (Kobayashi) : ça donne le tournis

6.1.10

XX

rien à signaler sinon que cette manie des listes m'intrigue. Après avoir publié la liste des 100 meilleurs films de l'histoire du cinéma en 2008, puis celle des dix meilleurs de 2009, les Cahiers du cinéma font paresseusement leur dernière couv sur les dix meilleurs des années 2000. Ce qui me frappe plus qu'autre chose c'est à quel point c'est circonstanciel et bancal. Je ne me sens pas doté d'un meilleur goût que quiconque, mais lorsque je vois dans la liste d'un pilier de la revue connu pour son intérêt pour le cinéma indien le remake de Devdas de Sanjay Leela Bhansali, je suis perplexe *. J'avais moi même été assez dithyrambique sur le film à sa sortie. Mais honnêtement, ça reste un produit bollywoodien, dont l'énergie, la débauche de sons et de couleurs tournent tout de même à vide. Cela n'étant qu'un exemple parmi d'autres pour dire que ces listes ne valent que ce qu'elles valent et ont souvent le défaut d'être tributaires du moment où elles sont publiées. C'est comme dans les festivals. On a souvent tendance à valoriser les œuvre récentes et à minimiser celles qui ont été vues les premières. D'où de flagrantes injustices. Des oublis majeurs au début des années 2000 et une survalorisation des films de 2009. D'une certaine manière cela me conforte dans mes choix annuels, rarement en phase avec la majorité (je ne fais pas exprès : je n'aime pas les œuvres consensuelles). On est toujours le ringard de quelqu'un

* d'autant plus que par la suite, Bhansali a extrêmement déçu avec son mélo Black et sa comédie musicale Saawariya (transposition kitscho-vénitienne des Nuits blanches de Dostoïevski), qu'avec la meilleure volonté du monde je n'ai pu regarder qu'en baillant. Même pas sûr que j'aie vu ces deux films en entier tellement ils appartiennent à un cinéma de studio figé, préfabriqué, touristique. C'est à dire exactement le clinquant et la fausseté de la comédie musicale hollywoodienne des années 1950, mais sans le zeste de folie, d'impertinence, de fantaisie artiste qui caractérisaient le travail de Donen ou de Minnelli. Les films de Bhansali n'en sont que des ersatz lyophilisés qui arrivent rarement — à part un peu dans Devdas — à transcender leur mauvais goût incandescent (bien sûr il y a ça et là des éclats, des éclairs, mais ils ne suffisent pas)
P.S. Je dois dire que parmi les films contemporains de Bollywood le seul qui m'ait vraiment convaincu fut Dil Se… de Mani Ratman, avec l'inévitable Shahrukh Khan, qui mêle de façon étonnante chanson, amour et terrorisme. Drame, film politique et comédie musicale à la fois… Hélas inédit en France. Il y a aussi le sublimissime Pakeezah de Kamal Amrohi, mais c'est un cas à part (car tourné en urdu et non en hindi) et il n'est pas récent

4.1.10

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2010 ça me rappelle surtout que j'ai interviewé jadis Peter Hyams, le réalisateur de 2010 — suite invraisemblable, et bien oubliée, du 2001 de Kubrick. A propos de SF, j'ai vu d'étranges (=moches) affiches dans le métro annonçant un "Concert Star Wars" en mars à Bercy. Apparemment Lucasfilm aurait lancé une tournée mondiale de concerts de la musique de la saga, accompagnée d'extraits des films. Autrement dit le principe du film-concert muet appliqué au parlant. Les extraits semblent d'ailleurs être projetés sans son. Cerise sur le gâteux : le comédien Anthony Daniels, interprète du rôle du robot C3PO, est de la fête comme narrateur… Autrement dit ceux qui n'ont vu Star Wars qu'en VF seront obligés de se taper des sous-titres (à moins que Daniels cause le français, ce dont je doute). Ce Barnum est accompagné par une expo, des lasers. Bref, la foire du Trône pour la somme minimale de 55 euros (et plus selon affinités)… En regardant la fiche Star Wars sur Wikipédia, j'ai découvert que la musique du générique aurait été inspirée de celle de Henri Verdun pour un film français populaire des années 1930 : Les disparus de Saint Agil de Christian-Jaque. Un certain Giovanni Arnaudeau a mis en ligne un saisissant montage parallèle entre le générique des deux films (clic ®). On y voit que Lucas & Co ne se sont pas contentés de copier la musique, mais également l'idée visuelle du générique se déroulant vers l'infini. Amusant de voir jusqu'où on peut aller chercher l'inspiration

2.1.10

parfum fraise-des-bois/pistache

pour bien commencer, je vais m'autociter : les séries sont un phénomène addictif qui n’a rien à voir avec l’art”. Comme je le prédisais, l'engouement autour de Mad Men est retombé comme un soufflé. On est passé à Hung, Glee, en attendant le prochain parfum à la mode. Bref, tout ça c'est du bonheur à dose homéopathique, de l'esthétique en portion individuelle. Si j'osais parodier la phrase attribuée à Céline, je dirais que “c'est l'infini (mis) à la portée des caniches”

merci au site cinemateaser.com de mettre en lien ce document (clic ®), sûrement promotionnel, où l'on voit que les moindres séries sont tournées devant des fonds verts pour un oui ou pour un non. Après ça comment veut-on qu'il y ait des réalisateurs de télé ? Bien sûr, il y a des réalisateurs, mais leur rôle se cantonne essentiellement à gérer les décors et la simulation virtuelle. Evidemment, le cinéma est astreint au même régime vert. Le summum étant Avatar, où de nombreux comédiens en chair et en os (dont l'actrice principale, Zoe Saldana) deviennent les simples doublures (les avatars !) des héros numériques bleus, dessinés sur des ordinateurs par des employés de bureaux. Après on s'étonne que je sois attiré par le documentaire. De l'air !
++ ou alors à fond dans le graphisme pur : cf. clip très beau du morceau I Say Fever du groupe Ramona Falls, qui fait un effet-bœuf (clic : ®) --- qu'est-ce qu'on ferait sans YouTube ?

1.1.10

hap

bonne année à ma centaine de lecteurs (j'aime bien les traditions)

mention particulière à Djibouti