30.7.10

real

finalement je suis le pigeon absolu de la téléréalité, de la docufiction, de la fiction documentaire, etc. Après Blair Witch (le 1, pas l'immonde 2), Paranormal activity (j'attends le 2 avec impatience), voilà Catfish de Ariel Schulman et Henry Joost, un thriller pseudo-documentaire sur les conséquences inattendues (dramatiques ?) d'une rencontre sur Facebook, dont la bande annonce me dit que je risque de marcher à fond. J'espère qu'il sortira en France

retardataires


je rencontre régulièrement des gens qui s'excusent de ne pas avoir vu mon film. Comme si c'était une obligation. A vrai dire ils n'ont pas d'excuses car s'ils voulaient le voir — du moins les Parisiens — ils le pourraient encore. Ces dernières semaines, Crime était encore projeté tous les vendredis à l'Entrepôt à 13 h 40. Evidemment, ça peut changer et je ne suis pas sûr que ça se poursuive tout l'été. Mais il est facile de se renseigner. Donc, faites passer le mot. Si vous voulez vraiment le voir, allez le voir. C'est simple

28.7.10

don't believe the hype

des voix discordantes se font entendre ça et là parmi les spectateurs lambda. Moins téléguidés que les critiques, ils expriment une incompréhension grandissante pour le film Inception. Apparemment je ne suis pas le seul à le considérer comme une baudruche éléphantesque.
Certains vont même plus loin que moi en déclarant Marion Cotillard nulle et non avenue. C'est vrai que le film est plombé par la référence en boucle à Edith Piaf avec le soûlant refrain de Non, je ne regrette rien, radoté à tout bout de champ. D'ailleurs, personne ne l'a remarqué, mais le leitmotiv musical (et martial) du film composé par Hans Zimmer est tout simplement la version ralentie et amplifiée de l'intro de la chanson de Piaf

27.7.10

pers.

parfois il est intéressant de regarder les génériques des films. Tout comme on pourrait comprendre la mentalité d'une personne en étudiant ses relevés de banque et ses factures de supermarché, on peut apprendre beaucoup de choses sur le cinéma rien qu'en lisant un générique. Je viens d'aller voir un film sans grand intérêt, The children are all right, de Lisa Cholodenko. A priori, on prendrait ça pour un "petit film indépendant américain" : histoires de famille tournées dans des maisons cossues et dans les rues de L.A. Or, quand on regarde le générique, il est monstrueux, long comme un jour sans pain. On s'aperçoit que l'actrice Annette Bening, qui n'est pas une superstar et n'a pas le rôle principal, a tout de même un maquilleur personnel (en plus des maquilleurs ordinaires). Tout ça pour jouer une mère lesbienne pas spécialement sophistiquée… Il y a trois assistants réalisateurs. Normal. Mais en plus la réalisatrice a aussi son “assistant personnel” (une sorte de petit toutou, qui doit lui apporter ses cafés). L'acteur Mark Ruffalo, idem, a non seulement une doublure, mais aussi son assistant attitré. Il y a d'autres doublures mais je n'ai pas eu le temps de voir pour qui. Evidemment, cinématographiquement je suis comme un habitant de bidonville, qui regarde, interloqué, la vie des grands bourgeois. Je parle de ça parce que j'essaie de comprendre comment fonctionne le cinéma américain. Tout ce raffinement doit être nécessaire, comme le nombre de larbins dans un palace doit rendre les choses extrêmement faciles (pour ma part, je ne supporte pas les laquais). Mais je me demande si les films ne seraient-ils pas meilleurs sans tout ce tralala émollient. Je me souviens avoir assisté au tournage d'un film roumain en hiver, dans le studio de Buftea, près de Bucarest. C'était exactement inverse. Ça se passait dans une sorte d'immense hangar sombre et désert, où dans un coin il y avait un petit bout de décor. Ça caillait. Et contrairement au moindre tournage de court métrage français, où on trouve en permanence une table remplie de victuailles (surtout des cochonneries genre bonbons Haribo et biscuits), des boissons chaudes et froides, là il n'y avait rien ! Pour déjeuner, chacun amenait son repas dans une sorte de tupperware. J'ai passé toute une journée là, sans rien à me mettre sous la dent. Heureusement, un assistant dévoué est allé m'acheter un sandwich dans une épicerie au diable-vauvert… Je sais qu'on va me dire que l'économie d'un tournage reflète l'économie de son pays de production… Je ne veux pas dire que la qualité (le rendu) ou le style d'un film dépend des conditions de son tournage, mais ça n'est tout de même pas étranger. Moi-même qui ai fait un film ultra-pauvre, j'ai mis en scène un personnage vivant dans des conditions très rudimentaires. Il m'a toujours semblé assez malsain qu'on filme des gens misérables avec un grand luxe de moyens (genre La route de Hillcoat). Il y a certainement des exceptions, mais pas tant que ça. En revanche, la vie des riches filmée avec une caméra amateur, ça peut être plus intéressant

26.7.10

ford

ce soir, il y avait un John Ford au programme sur Arte, Le convoi des braves (Wagonmaster). Je n'en ai vu qu'une quinzaine de minutes (je n'aime pas regarder les films à la télé). Chose incroyable, le film passait en version originale sans sous-titres. Apparemment il y a eu un cafouillage car après un bon moment, le film a switché sans prévenir, passant à la version française. Comique mais dommage. Au passage, je me suis dit que Ford était finalement plus proche d'Eisenstein que de Renoir. Impression à l'emporte-pièce, qu'il faudrait argumenter. Mais…
P.S. Si Renoir, Hitchcock et Ford viennent tous du cinéma muet, seuls les deux derniers sont restés fidèles à l'art du plan, qui vient typiquement du muet. Le parlant, lui, c'est l'art de la scène, au double sens du terme (à la fois séquence et espace théâtral). Dans l'ensemble, le cinéma actuel est plutôt revenu à la tradition du plan, mais pas le plan considéré comme un maillon signifiant, plutôt comme un élément d'un puzzle. Tout ça n'est pas une règle, juste une tendance. Il y a bien sûr des plans séquence extrêmement longs où l'on n'entend pas un un mot. Il y a trop d'exceptions. C'est bien pour ça que je ne suis ni théoricien, ni universitaire, ni réellement critique. Cela dit, on peut dire que malgré la vidéo le plan séquence est mort et enterré. La multiplicité des médias, le numérique, les effets spéciaux divers, font que c'est devenu quasiment impossible pour un spectateur moyen de regarder un plan séquence sans moufter

25.7.10

quoi !?

comme l'a remarqué un critique américain quelque part, comprendre et apprécier Inception demande une certaine accoutumance aux jeux vidéos. Pour moi, qui n'y ait quasiment jamais joué, c'est évidemment ardu. Question de génération
La fausse bonne idée de Christopher Nolan consiste précisément à mettre en scène le rêve comme un jeu vidéo en ligne. Dont il ne retient que la propension des joueurs à canarder tout ce qui bouge. Sans nécessité dramaturgique, les fusillades monstres s'enchaînent, par niveaux de difficulté croissants, dans des décors toujours plus spectaculaires, ne demandant qu'à exploser. L'intrigue psychologique, empreinte d'un freudisme simplet, n'a qu'un strapontin : l'épouse défunte vient hanter les rêves du héros. […] Si Inception se veut un thriller à la Philip K. Dick, sur les mondes virtuels, sur la réalité et l'illusion, il tend sans l'égaler vers Matrix, autre film d'action mental, nourri de jeu vidéo, mais beaucoup plus riche, conceptuel […] Les idées intéressantes ne manquent pas […] mais ce ne sont que des trucs passagers, au service d'une histoire décevante, et ensevelis sous un déluge visuel, à l'insistance plus soporifique qu'onirique.” Louis Guichard, Télérama
dénigrer M. Night Shyamalan est devenu un sport national aux Etats-Unis. Le cinéaste est en passe de remplacer l'ancienne tête de Turc américaine, Jerry Lewis — dont personne dans son pays d'origine ne comprenait qu'il était un cinéaste et acteur de talent, pas un simple guignol. Tout le monde se fout de Shyamalan. On ne compte plus les critiques potaches de ses films sur Youtube. En voici un excellent exemple, effectivement très drôle, à condition qu'on soit anglophone (d'autant plus difficile à saisir que le bougre a une élocution grumeleuse ; sorry). C'est un employé de vidéo-club, comme Tarantino, mais en moins vif, qui a décidé de se payer The Happening (Phénomènes), en long, en large et en travers (trois épisodes : clic, clic et clic). Même s'il a tendance à se répéter, son costume, ses mimiques, ses imitations de Mark Wahlberg sont désopilantes. On remarquera la figure tutélaire de Rambo affichée à droite de ce paramilitaire bouffon de la critique gonzo, ce qui en dit long. Evidemment, les Américains, chrétiens obtus, n'ont toujours pas pigé que que la nature était vivante. Quand un cinéaste indien (même élevé aux Etats Unis) le leur apprend dans un film d'angoisse troublant et subtil, ils ricanent, les abrutis. Les arbres sentent, ils pensent, bande de sauvages !
P.S. Les Français, serviles, emboîtent le pas aux Américains. Titre lu sur un site français de news : "Encore une daube pour M. Night Shyamalan: 'Sixième Sens' était un accident?”
j'en apprends de belles, comme par exemple que la version long métrage de la série Green Hornet (Le Frelon Vert), jadis rendue célèbre par Bruce Lee, a été réalisée par Michel Gondry, avec comme acteur principal (et scénariste), le comique Seth Rogen (et Cameron Diaz). Curieux mélange des gens et des genres.
bien plus incroyable : le retour de Jerzy Skolimowski, qu'on croyait perdu dans les brumes de sa Pologne natale, aux commandes d'un film d'action, intitulé Essential Killing, sur la fuite d'un taliban poursuivi par l'armée américaine. Le plus surprenant c'est l'acteur qui joue le taliban : Vincent Gallo ! (Emmanuelle Seigner est la vedette féminine). On ne sait pas ce que ça vaut, mais on est curieux. Bande annonce alléchante : clic
Après l'annonce du thriller russe de Sharunas Bartas, on commence à se dire que le cinéma d'action fait tache d'huile et devient presque le genre universel
deux nouveaux biopics miteux (plénoasme) se profilent : Howl sur Allen Ginsberg et Nowhere boy sur John Lennon. Je me demande lequel est le pire. Que le plus nul gagne !

23.7.10

choisir

il faut choisir :

technologique/mental...................................................ou...................................................organique/spirituel





22.7.10

V

j'ai fini par craquer. J'ai acheté mon premier DVD* : Vampyr de Carl Theodor Dreyer. J'en avais assez d'attendre une hypothétique réédition et une ressortie en salle. L'un n'empêche pas l'autre. Reste à savoir quand je vais me décider à le regarder. Parfois j'attends assez longtemps pour inaugurer une nouvelle acquisition. Je ne suis pas un consommateur boulimique, mais un épicurien qui a besoin d'un moment propice pour apprécier une chose.
Je promets de revenir sur mes impressions dès que j'aurai regardé ce que je considère a priori comme le plus grand poème fantastique jamais tourné
* je possède sûrement plus de 200 DVD, fictions et documentaires confondus, mais je n'ai fait qu'accumuler ceux que j'ai reçus dans le cadre de mon boulot de journaliste. Jusqu'à maintenant je n'avais acheté des DVD que pour les offrir

21.7.10

cn/nc

belle unanimité critique pour le NC (nanar cosmique) de CN (mêmes initiales). Du Parisien à Paris-Match, en passant par Télé 7 Jours, ils ont tous adooorééé cette virtuose toile d'araignée mentaaaalllleeee — à propos, “inception” ne signifie pas "introduction d'une idée dans un cerveau", mais simplement "commencement”. Heureusement, quelques voix discordantes, et non des moindres, se font entendre, rejoignant le petit noyau des résistants qui refusent de dire amen à ce bulldozer architectural. Quelques uns consacrent à la sempiternelle manie de la comparaison en évoquant Kubrick. Petite différence : Kubrick avait de l'humour (beaucoup) et Christopher Nolan, pas un gramme

20.7.10

!!!!!!!

enfin, les bons films arrivent. Les deux bonnes pioches de la semaine :

le film que j'ai le plus envie de voir :
ça fait longtemps que Gregg Araki est un de mes chouchous. je ne l'ai pas laissé tomber depuis The doom generation (je n'ai pas vu les précédents). Tout le monde a déliré sur Mysterious skin et a snobé Smiley face parce que c'était plus fun. Pas moi, j'aime tout. Mon préféré reste pour l'instant Nowhere, que j'ai bu comme du petit lait. Un très grand cinéaste pop

rrrrrrr

très pétillant, j'ai l'impression, ce Repo Men. Je le verrais bien, mais j'ai aussi un peu la flemme (trop de projos de presse). En tout cas ça donne envie. Je ne sais pas si c'est volontaire, officiel, ou simplement une coïncidence (j'en doute), mais ça ressemble comme deux gouttes d'eau dans son principe à un film des années 1980 au titre similaire, Repo Man de l'Anglais Alex Cox — qui a tourné il n'y a pas longtemps un Repo Chick ! Au départ c'était l'histoire de deux spécialistes de la récupération de bagnoles impayées, interprétés par Harry Dean Stanton et Emilio Estevez. La version 2010 avec Jude Law semble plus trash (on saisit les organes des mauvais payeurs) et transposée dans le futur

18.7.10

gesichtbuch

ça c'est une bande annonce originale (The social network de David Fincher) : clic

- cela dit je ne sais toujours pas exactement comment fonctionnent Facebook (sujet du film) ou Twitter. Je ne suis pas idiot, mais je n'ai jamais essayé de comprendre. Ce qui est pénible à notre époque ce sont ces diktats industriels qui manipulent les esprits et la vie sociale. On est quelqu'un parce qu'on a un I-Phone, et un "no-life" parce qu'on n'en a pas… Ça ne fait même plus peur. Ça montre tout simplement que la machine est lentement en train de mettre son créateur en esclavage. Ce n'est plus “Ghost in the machine”, mais THE MACHINE IS GOD. Tapez sur des boutons si ça vous amuse

P.S. J'entends ce matin sur France Inter la description d'un nouveau style de jeu vidéo. Je ne sais pas comment ça s'appelle, mais on n'a plus besoin de tripoter quoi que ce soit. C'est simplement avec son corps, dont les mouvements sont détectés par une caméra, qu'on agit sur les commandes. Autrement dit, ce que je (pré)disais arrive plus vite que prévu puisque le corps humain est agi indirectement par la machine. Pour gagner, il faut faire les mouvements qui ont été déjà programmés. Dans pas longtemps, on téléchargera des logiciels directement dans son cerveau. Et vogue la galère

geld

je suis abasourdi par ces gens qui gagnent autant d'argent, cette femme de ministre (Woerth) payée environ 16 000 € par mois — qui s'ajoutent à ce que son mari touche avec ses différentes casquettes… —, ou cet animateur de télé défenseur de la cause écologique, N. H., qui gagnerait, lui, environ 60 000 € par mois. Etrangement ces deux salaires pharamineux proviendraient indirectement ou directement de la même source : la firme de cosmétiques L'Oréal

mehr licht

bizarre j'ai beau chercher dans ce blog, je ne vois rien sur Stéphane Drouot. J'étais pourtant persuadé d'avoir parlé de lui quelque part. Je rappelle pour mémoire que Stéphane fut l'auteur d'un unique court métrage de science-fiction (Star Suburb, 1983), suivi d'une longue plongée dans des abîmes divers. J'y reviendrai un jour. Toujours est-il que je découvre par hasard que vers 2004 Leos Carax avait un projet intitulé Scars. Or c'est un des titres d'un des scénarios mythiques de Stéphane Drouot, écrit il y a au moins une vingtaine d'années. Etrange correspondance entre deux artistes maudits. Carax étant un maudit bien moins maudit que Stéphane, of course. Je remarque soit dit en passant que ce sont précisément les scénarios les plus extrêmes qui ne sont pas produits (cela vaut aussi pour mon scénario fantastique Les vivants et les morts, rebaptisé Vivant/Mort, dont je suis persuadé qu'il aurait eu beaucoup plus de succès que Crime, tout simplement parce qu'il y avait de l'amour et du suspense — évidemment c'était aussi beaucoup plus délirant. Je l'avais déposé au CNC jadis. Nicolas Saada et Serge Toubiana des Cahiers qui siégeaient alors à la commission ne m'avaient pas soutenu, au contraire. Ils avaient taxé le projet de "bande dessinée" et basta)

17.7.10

consensus ?

heureusement quelques lumières s'allument dans la nuit et me font sentir que je ne suis pas complètement seul dans ce monde hostile où le fait de ne pas aimer Inception suscite la haine et les insultes (vu sur des forums). Aux Etats Unis, quelques critiques new-yorkais de journaux respectables (dont le Village Voice et le New Yorker) ont émis les mêmes genres de doutes que moi quant à l'énorme bluff de Christopher Nolan. A cette occasion j'ai découvert l'existence d'un film d'animation (inédit) de Richard Linklater, Waking Life (2001), réalisé selon la même technique que le magique A scanner darkly, et dont le sujet était le glissement du rêve à la réalité et les différents niveaux de rêves. Mais là c'est traité sous un angle plus quotidien (humain), semble-t-il. Si j'en crois la critique qui l'a cité, c'était plus convaincant et prenant que cette bruyante machine à laver les yeux. Je signale en passant que les rêves m'intéressent au plus haut point et que leur articulation avec la réalité me passionne – voir la phrase en exergue de ce blog

15.7.10

MMMMMMMMMMMMM

zut, j'oubliais la fête nat !
trêve de plaisanterie, je suis impressionné par Amore (Io sono l'amore) de Luca Guadagnino. Enfin, je veux dire que le film, en tant que récit, ne m'accroche pas spécialement. Il ne contient rien qui me touche réellement (chassés-croisés amoureux dans une riche famille d'industriels milanais). Mais c'est franchement beau à voir, pour le montage, la couleur, le filmage, les plans du début dans la neige — on dirait vraiment la Russie. Même la musique, pour une fois (elle est due à un vrai compositeur contemporain, John Adams, adepte de Steve Reich, pas un musiqueur quelconque) est bluffante. Il y a un peu trop de plans, mais j'aime beaucoup ce filmage bougé avec de nombreux recadrages. Seule réserve : la scène d'amour dans la nature où le parallèle entre les fleurs, les insectes et la renaissance sensuelle de la bourgeoise me semble un peu appuyé (syndrome Lady Chatterley). Bon, ça manque encore de personnages et d'une espèce de mouvement interne. On le trouve juste à la fin, assez folle. J'aime beaucoup le dernier plan (très sombre) post-générique, qui rappelle (presque) Jean-Claude Rousseau

13.7.10

a*m*e*r

d'une certaine façon ce film m'obsède (légèrement : je l'ai déjà cité quatre fois), ce qui est très bon signe et caractérise les grands films (de mon panthéon)


tout à fait autre chose : j'ai vu les 7 premiers épisodes du Prisonnier originel (hélas en VF), série que j'avais regardée distraitement autrefois, et dont j'étais vraiment persuadé qu'elle était en noir et blanc. A part un épisode peut-être, c'est vraiment fascinant et d'une complexité insondable. On peut y trouver beaucoup d'idées exploitées dans Lost : l'évasion impossible d'un territoire ; la présence d'un mastermind invisible qui tire les ficelles (n°1) ; le bunker souterrain, ainsi que la surveillance vidéo depuis ce bunker. J'en passe et des meilleures. Par exemple Inception de Nolan y a largement puisé le concept d'exploration et d'intervention sur les rêves (cela dit l'idée n'est pas nouvelle : elle est décrite de long en large dans L'art de rêver de Castaneda). Le prisonnier est une mine, une matrice, un prototype

12.7.10

S M O L D E R S !!!


je m'aperçois avec stupeur que Nuit noire (2005), l'unique long métrage à ce jour d' Olivier Smolders n'est jamais sorti en France. Je connais mal son œuvre mais je le considère a priori comme un des deux grands cinéastes belges actuels, avec Claudio Pazienza, dont aucun film n'est sorti en salle, mais qui a réalisé des documentaires complètement fascinants. De Smolders j'avais vu Mort à Vignole qui, comme la plupart de ses œuvres, souvent morbides, est un travail philosophique sur la vie et la mort, etc. Avant il avait tourné Adoration, saisissante reconstitution de l'affaire Sagawa, le Japonais cannibale qui avait assassiné sa petite amie hollandaise à Paris puis l'avait mangée (en partie). Smolders a réalisé une dizaine de courts métrages (sortis en DVD dans certains pays), plus ce long métrage, qui donne envie de le voir, si je me fie à ces deux bandes annonces (celle-ci : clic, et celle-là : clic).On peut ne pas apprécier ce mélange de préciosité, de cabinet de curiosités et de considérations d'entomologiste, mais il est désolant que des œuvres aussi recherchées restent inédites. Qu'on se le dise !

i (suite)

JG, un cher collègue, avec lequel je ferraille régulièrement (nous ne sommes jamais d'accord) m'écrit ceci :Inception va être le plus gros succès de l'année ; je prédis un raz-de-marée estival et une pluie d'oscars hivernale." Oscars peut-être, mais raz-de-marée estival, impossible. Quelle personne normalement constituée préfèrerait un après-midi à la plage à un pensum de deux heures et demie sur un oniri-technicien perdu dans les strates temporelles de ses rêves de fusillade ? (excluez d'emblée personnes âgées et gent féminine et faites le compte)

8.7.10

sharunas

au vu de la bande annonce du dernier Sharunas Bartas, Eastern Drift (qui porte le bizarre titre français Indigène d'Eurasie), je sens un peu le ratage. Apparemment lassé de l'underground et des happy few, le Lituanien a tourné un polar russe, avec scènes d'action et poursuites. Il tient même le rôle principal de ce film qui n'est pour l'instant pas annoncé en France. C'est amusant ce mouvement de balancier entre avant-garde et grand public : Bartas se lance dans le cinéma d'action, Christopher Nolan fait un méga-budget expérimental , Shyamalan, un blockbuster pour enfants. Le seul radicalisme possible c'est de tourner comme Marcel Hanoun, dans son garage avec des maquettes et une caméra vidéo. Mais si on veut continuer à travailler et vivre de son travail (ce qui n'est pas répréhensible), il y a toujours un moment où il faut composer, faire des concessions. J'y pense aussi puisque je veux tourner un film un peu plus spectaculaire (scope couleurs) au Maroc, qui comprend même une scène de fusillade. Mais il y a mille manières de faire des concessions. Celle qu'a choisi Bartas ne me dit rien. Enfin, je n'ai pas vu le film. J'espère que je me trompe…

+ froid que la mort

"avec un tel sujet on ne pouvait tourner qu'une superproduction”, dixit Christopher Nolan à propos d'Inception. Je dirais plutôt : avec un tel sujet on ne pouvait pas tourner de superproduction. Là réside le talent infini du cinéaste : faire financer et réaliser à coups de millions de dollars une œuvre cérébrale et imbitable explorant les circonvolutions du cerveau et les mécanismes de la pensée. Chapeau bas. Il a déguisé ce thriller mental en film d'action —Matrix sans le décorum futuriste —, avec des poursuites, des fusillades, des explosions à tout bout de champ, totalement inexplicables pour moi (qui tire sur les héros ?), en y faisant figurer des stars telles que Leonardo DiCaprio et Marion Cotillard. Sorti de la prouesse financière et technique, ce casse-tête chinois qui dure des plombes est mille fois plus opaque que Crime auquel certains ont reproché son hermétisme. Pour moi c'est un gros digest du vieux Au-delà du réel de Ken Russell, de Paycheck de John Woo (pour l'esthétique "businessman futuriste"), de Mr. Nobody de Van Dormael (exploration des possibles) et de The Fountain de Aronofsky. A part Solaris de Tarkovski, qui avait une dimension sensible et mystique (quasi écologique) ou Le Miroir du même, une troublante plongée dans les souvenirs, je ne vois pas d'autres films mentaux aussi embrouillés qui aient pu me séduire. Certains disent que le film s'inspire aussi de Paprika de Satoshi Kon, qui est effectivement une histoire sur les rêves et leur manipulation de l'intérieur (et qui m'avait également beaucoup ennuyé). Inception, œuvre intensément technologique où la part humaine et réelle est infime (elle se réduit à cela : le héros regrette d'avoir indirectement poussé sa femme au suicide et veut revoir ses enfants ; un autre personnage apprend qu'il doit gérer sa fortune en se libérant de l'influence paternelle), doit énormément aux possibilités de manipulation de l'image par ordinateur. A la limite ce n'est plus que de l'image pliable et repliable à l'infini. Il y a également le rôle énorme (source de Matrix également) des jeux vidéos dans ce type de récit-pousuite où on passe son temps à se canarder sans savoir pourquoi, juste pour décharger son adrénaline. Peut-être que je ne comprendrai jamais ce genre de films. Je n'y vois que de la surface, des jeux de miroirs et des niveaux de réalité interchangeables. A la limite, l' Inception réussi c'est la pub Dior de Lynch avec également Marion Cotillard, où Lynch déploie à peu près la même esthétique guindée et les mêmes décors urbains, mais avec infiniment plus de glamour. Nolan est plus froid que la mort. Je lui souhaite bien du succès (enfin je ne pense pas, ou alors je suis vraiment très largué)
P.S. Nolan a obtenu une chose rarissime grâce au méga succès de The Dark Knight : une carte blanche, qui lui a permis de tourner ce qu'il voulait : un rubik's cube d'action aux décors luxueux filmé partout dans le monde. Nolan a aussi pu se permettre cette expérience parce qu'il préparait derrière un troisième Batman, qui pourra racheter l'échec public inévitable d'Inception
P.P.S. Les critiques anglo-saxons sont aussi enthousiastes (pour l'instant) sur Inception qu'ils ont massacré Le Dernier maître de l'air. Je sens qu'en France ça prend le même chemin. Bref, je ne suis vraiment pas dans le coup. Comme d'hab. Lol

5.7.10

LAB

mission accomplie (à suivre)
Pas grand chose
à dire
de plus. Shyamalan a eu besoin d'un blockbuster pour restaurer sa crédibilité à Hollywood. Il l'a fait avec Le dernier maître de l'air, et à mon sens il s'en est s
orti honorablement. L'idée centrale me plaît beaucoup (la maîtrise des quatre éléments comme forces antagonistes personnifiées par des personnages puissants et des peuples
spécifiques). C'est en gros la réponse du cinéma de kung-fu aux super-héros
yankees. J'aime
moins le décorum, trop lourd. Mais il faut en mettre plein la vue pour faire des entrées, hélas.
Ce qui m'a énormément gêné c'est le relief : jamais je n'ai autant eu l'impression de mettre des lunettes de soleil, très assombrissantes. Le relief est un désastre, une régression. Il faut arrêter ça tant qu'on n'a pas mis au point un procédé
valable. J'en étais au point d'enlever les lunettes régulièrement pour mieux voir ! BOYCOTTONS le 3D relief !!!
Enfin, ça n'empêche pas Shyamalan de demeurer le troisième grand cinéaste païen avec Miyazaki et Weerasethakul
P.S. l'autre aspect gênant du film dont je n'ai pas parlé c'est qu'il est manifestement conçu pour faire l'objet d'une suite. La fin abrupte style “cliffhanger", qui annonce une action prochaine, est extrêmement frustrante. D'autant plus que des rumeurs disant que l'accueil critique a été désastreux aux Etats Unis, le bouche à oreille pas mieux, et les recettes médiocres (70 millions de dollars à ce jour pour un film ayant coûté, dit-on, 280 millions de dollars) cette suite annoncée n'aura probablement pas lieu. Le film restera un orphelin en suspens

3.7.10

Tempête dans un verre d’eau à propos du Dernier maître de l’air de M. Night Shyamalan : on prétend que le film serait raciste parce qu’on a donné les rôles de méchants à des asiatiques et blanchi les gentils qui, dans la série animée dont le film s'inspire, avaient un teint plus basané. Accusation comique lorsqu’on sait que Shyamalan est lui-même Indien et a la peau naturellement bronzée. On jugera sur pièces à la projo de presse prochaine.

Par ailleurs certains font l’amalgame avec les remakes américains de films étrangers qui seraient aussi une opération raciste, ou du moins xénophobe, visant à remplacer les métèques par des purs wasps. Grosse blague. Hollywood fait des remakes pour la simple raison que les Américains abhorrent les langues étrangères, ne savent pas lire (les sous-titres), ni doubler les films. C’est simplement une forme de protectionnisme commercial. La preuve que ce n’est pas une simple question de racisme : on fait aussi des remakes de films scandinaves. Parallèlement au Jar city US (voir plus bas), voilà le remake de Morse, film de vampire suédois de Tomas Alfredson, rebaptisé Let me in et signé Matt Reeves (Cloverfield). Entre parenthèses, même si on dit que c’est un remake plan par plan, la version américaine a tout faux (cf. bande annonce) en prenant le parti pris inverse du filmage brut et de la lumière étale qui faisaient l’originalité de la version originale. On en est revenu aux bons vieux clairs-obscurs anxiogènes des années 1990, genre Seven ou X-Files

PA2

en attendant le faux ami Phénomènes paranormaux (The Fourth Kind), pseudo docu blairwitchien que je verrai ou pas, voici la bande-annonce de Paranormal activity 2 : clic
Le sequel est dû à un certain Tod Williams, grand réalisateur (1,96 m), qui semble se spécialiser dans les suites et remakes (il s'occuperait également de la version US du polar islandais Jar city).
La bande annonce de Paranormal activity 2 aurait été retirée de certaines salles aux Etats-Unis car jugée trop effrayante. Je ne vois pas réellement pourquoi, mais je sens très bien que je vais encore me faire avoir par cette suite qui semble avoir eu l'intelligence de ne pas se démarquer du n°1. Je veux bien m'inscrire pour réaliser le 3. J'ai quelques idées assez gratinées, d'ailleurs fondées sur le nombre 3. J'aime bien les films où l'on délire sur les chiffres. C'est hélas mal utilisé dans le film italien L'heure du crime (La doppia ora) où à chaque fois que le chiffre des heures et celui des minutes coïncident (type 12 h 12), il se passe quelque chose ou bien l'héroïne croit que c'est un signe… Mais mon idée serait moins fondée sur les chiffres que sur le nombre de choses, d'objets, de détails, de personnes, etc

c'est clair(e)

relevé sur le blog cannois de la cinéaste Claire Denis (site des Inrocks) : J’ai les yeux très rouges, j’attends que des poils poussent noirs et drus, recouvrent mon corps pour le délivrer.” Verbatim, comme on dit.
Il paraît que le festival de Cannes est très fatigant…

2.7.10

udolphe

au fait, j'ai (enfin) terminé Les mystères d'Udolphe. Pas mal, mais déçu qu'Ann Radcliffe démystifie à la fin tout ce qu'elle a soigneusement élaboré au fur et à mesure. Comme si elle se défiait du surnaturel… Je vais poursuivre ma lente exploration du genre gothique avec Pauline d'Alexandre Dumas

tour

l'unanimité (bêlante) sur Tournée m'atterre. Ce n'est pas que je haïsse ce film. Je l'ai vu avec un certain plaisir… distrait, trouvant que Amalric ramenait un peu trop la couverture à lui, au détriment de ses actrices, qu'on aurait aimé voir un peu plus (sur scène et en dehors). Trop de saupoudrage. Sans parler de la digression parisienne, qui est une horreur (à mi-chemin entre Desplechin et Nicole Garcia). Ce film m'a pas mal rappelé Actrices de Bruni-Tedeschi, en moins fort. D'ailleurs, Amalric y tenait un rôle similaire, celui du metteur en scène. Bref, tout le monde adore ce film cossu, confortable, frenchy, pseudo-cassavettien, avec un zeste d'exotisme fourni par d'exubérantes strip-teaseuses felliniennes made in USA. Mais pour moi, ça reste assez fade et approximatif (cf. les pseudos gags qui tombent à plat, comme celui avec Laurent Roth en pilote). A peu près du niveau de Quand j'étais chanteur de Giannoli. D'un autre côté, tout le monde semble snober Splice, qui est une œuvre vertigineuse et même vénéneuse. Je ne comprends pas. Ce n'est évidemment pas la première fois que je me trouve complètement en porte-à-faux avec la majorité. J'imagine déjà le discours faussement modeste, faussement hésitant, pseudo honteux d'Amalric aux Césars (il va en récolter un paquet, c'est sûr). Quel ennui

infrahéros

en mars, je parlais du retour des super-héros et de la dégénérescence du concept, etc. Je me suis aperçu qu'un film pionnier annonçait ça bien avant Les Invincibles, Kick-ass, Watchmen, etc., c'est Mystery Men, l'unique film de Kinka Usher, sorti en 1999, qui au vu de la bande annonce me semble tout à fait réjouissant et joliment farcesque. Surtout qu'il y a un casting presque de rêve où figurent : Ben Stiller, Paul H. Macy, Greg Kinnear, et même Paul Reubens, l'ex-Pee-Wee Herman à moitié blacklisté depuis des lustres (Judd Apatow parlerait d'ailleurs de ressusciter le réjouissant Pee Wee, immortalisé par Tim Burton…)

1.7.10

('oooooooo`)

Daniel Erickson a réalisé un long métrage entier avec des mannequins de vitrine, un film noir en noir et blanc. Projet qui ne laisse pas d'intriguer. Le titre : Eve's necklace. La bande annonce donne assez envie de voir ça : clic





M. R.

décidément la musique de Ravel (certains passages seulement) pourrait très bien convenir à un film noir. D'ailleurs il me semble impossible que Bernard Herrmann ne lui ait pas fait quelques emprunts. Les cinéastes, qui n'ont guère d'imagination, se sont surtout contentés jusqu'à maintenant d'utiliser jusqu'à plus soif la scie de Ravel, son sempiternel Boléro, qui est bien le seul de ses morceaux que je n'aime pas. Ça avait néanmoins fourni à Blake Edwards le thème central (unique ?) de sa comédie romantique, 10, que j'avoue avoir bien oublié…