21.8.09

--sou--viens (4)

k encore les années 80. Je suis à Los Angeles, en vacances, hébergé par un ami français. Un soir, nous allons à Westwood voir Fingers (Mélodie pour un tueur), polar scorsesien de James Toback dont je me souviens toujours de la rengaine Summertime, écoutée en permanence par le héros, tueur-musicien incarné par Harvey Keitel. (Jacques Audiard en a fait le remake De battre mon cœur s'est arrêté). Toback est dans la salle pour revoir son film (?). En sortant, je ne sais plus comment, mais nous nous retrouvons à discuter avec lui. Il insiste assez lourdement pour qu'on lui déniche un numéro de la revue française Positif dans lequel il est interviewé. Toback est très coté aux Etats Unis dans le milieu du cinéma. On ne comprend pas bien car, à part Fingers, sa carrière n'est pas transcendante. Evidemment, il a un certain aplomb (euphémisme), une certaine culture. Il a fait Harvard (ça lui a d'ailleurs inspiré un film).
Quelques années plus tard, je suis devenu journaliste. On me demande d'interviewer Toback. Pourquoi ? Mystère. Le prétexte c'est la sortie de son film Surexposé, tourné à Paris avec le danseur Rudolf Noureyev et Nastassja Kinski. Je n'ai pas vu le film, ce qui est gênant quand on est censé faire une interview. Alors on m'organise une projection en solo de ce polar assez médiocre. A cause de cela je suis un peu obligé d'interviewer Toback.
Comme à Los Angeles, Toback est une pieuvre, voire une sangsue. Il ne vous laisse pas de répit. Je passe plusieurs heures à l’interviewer à l’hôtel Raphaël, où il m'invite à dîner. Ensuite il insiste pour que je l'accompagne acheter du sucre au drugstore de l’Etoile. J'en profite pour le prendre en photo. Mais comme il a toujours des trucs à rajouter à son interview, il me rappellera chez moi. Quelques jours plus tard, Surexposé est présenté au Festival de Deauville. Rebelote : Toback m'appelle une fois encore, de Deauville. Le plus drôle c'est que cette interview-fleuve ne sera jamais publiée. Je ne l'ai jamais transcrite. Unique trace de cet épisode : quelques photos. Ce n'est pas la seule interview que j'aurai faite pour rien. Liste (non exhaustive) des interviews mort-nées : Wes Craven, Dario Argento (une sur deux), Peter Hyams (réalisateur de 2010, suite de 2001 de Kubrick), Youssef Chahine, Shinya Tsukamoto, Kiyoshi Kurosawa, Amos Kollek, Tsai Ming-Liang, le metteur en scène Bob Wilson ; et les acteurs Darry Cowl, Chloe Sevigny, Anna Thomson, Frances McDormand (femme de Joel Coen), etc.

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