k la période de latence circonstancielle, équivalent estival de l'hibernation, est propice aux vérifications, rattrapages, et autres réévaluations. J'ai donc vu quelques films et séries auxquels j'avais échappé. De celui qui m'a le plus plu, sans toutefois me laminer, je ne dirai pas grand chose : Donnie Darko n'est pas LA révélation, mais clairement un objet étrange sur lequel je reviendrai un jour. Une chose est sûre, ça m'a donné envie de voir la suite, Southland Tales, et le prochain de Richard Kelly, The Box (dont il faut que je regarde la bande annonce, quand j'y penserai –– P.S. Je l'ai vue (en partie), j'ai peur, ça ressemble à une fable morale).
D'autres m'ont laissé plus perplexe et m'ont donné envie d'évoquer, une fois n'est pas coutume, la critique. D'abord, Toto qui vécut deux fois, des Siciliens Cipri et Maresco. J'avais adoré leurs courts métrages, totalement à l'Ouest, d'un primitivisme forcené. Leur premier long, L'Oncle de Brooklyn, il me semble l'avoir vu dans un festival. Je dois dire qu'il m'était tombé des yeux. Idem pour le troisième, Le Retour de Cagliostro, le moins fort. Toto qui vécut deux fois est plus proche des courts métrages. Mais, malgré des moments formidables, ça ne forme pas un tout compact et étincelant. C'est très répétitif et plein de trous. Sans oublier la parodie des morceaux de bravoure de l'Evangile (la Cène, etc.), dont on a soupé. Buñuel avait fait ça il y a longtemps et plusieurs fois… Ça n'intéresse que les croyants, qui adorent se flageller. Pourtant la presse délire. De façon diverse, certes. Si on en croit les Inrocks, il s'agit d'un objet très distingué, alors que c'est tout de même un délire punk ("mise en scène admirable […] élégant noir et blanc […] cadrages dignes du cinéma classique hollywoodien"). Il faut appeler un chat un chat et ne pas induire les gens en erreur. Le Monde est plus près de la vérité en disant “Pasolini hardcore”. A Libération, c'est simple, on parle de chef d'œuvre de la décennie. Heureusement, certains sont plus honnêtes : "Le film, soyons francs, n'est pas toujours plaisant à regarder" (Chronicart). Mais c'est aussi une manière de suggérer que le film est trop intense (voire insoutenable). Or le film n'est pas "dérangeant, mal aimable, cruellement beau... et horriblement indispensable", comme le raconte Première. Du pipeau journalistique. Le film est surtout ennuyeux. Si les cadrages, décors, images, lumière sont la plupart du temps fabuleux (on dirait des gravures anciennes), si le côté sale, contrasté et granuleux du noir et blanc ressemble à ce que j'aime le plus, les diverses provocations blasphématoires me barbent. Ceux qui critiquent le plus la religion, ceux qui en salissent ou en dévoient les symboles sacrés, sont ceux qui s'y intéressent le plus (comme les satanistes : croire en Satan, c'est croire en Dieu).Quant à ce qui tourne autour du sexe, c'est assez simpliste. Au mieux, la laideur affichée des personnages est un grand atout. La candeur poétique du second degré permanent du film est convaincante et le sauve, mais on a du mal à s'extasier. Tous les rôles de femmes sont joués par des hommes. Et alors ? On a du mal à prendre tout ça pour argent comptant. Comment ne pas voir que le roi est nu ? Trop de distanciation nuit. Alors quand certains parlent de "la déflagration libératrice d'un formidable "film de décharge" dont l'éjaculat inséminateur éclabousse et transfigure le rebut et l'ordure" (Cahiers du cinéma), on se demande s'ils ne confondent pas les intentions et le résultat. On aimerait bien que ça soit ça, mais franchement ce n'est pas du Lautréamont (et encore, Lautréamont est surfait). On voit ces intentions, mais elles produisent rarement quelque chose. Il faudrait revoir le film en détail pour dire à quel moment il atteint réellement au sublime. Ça arrive, rarement, mais la plupart du temps, c'est du gag bêtifiant. (Dans le genre "Affreux, sales et vieux cochons" — tout est relatif —, Le roi de l'évasion de Guiraudie est plus stimulant — tout est relatif ici aussi).
Mad Men, la série sur les mœurs du milieu publicitaire des années 1950-60 sur laquelle tout le monde s'extasie. J'ai vu la moitié du premier épisode (saison 1) et j'ai laissé tomber. Naturellement, ce n'est pas nul, mais ce n'est pas ma tasse de thé. Certes, les personnages sont cyniques, machos, peut-être dépressifs (je n'en ai pas assez vu). On s'étonne parce qu'on voit ça dans un décorum et une époque dont le cinéma (et les séries) nous a toujours renvoyé une image lisse et morale. Pour ma part je ne vois que bavardages ad libitum dans des décors de studio. Du théâtre. Bon, je vais faire l'effort d'en regarder au moins deux épisodes entiers avant de me prononcer définitivement. Mais ce que je recherche au cinéma ou à la télévision, c'est une sorte de vertige visuel et narratif, quelque chose qui déflagre. Dans Mad Men, la seule chose qui m'a sidéré, c'est à quel point on y fume (c'est même le sujet de l'épisode). Sur ce plan, c'est curieux. Pour le reste je m'en tiens à mes évidences bébêtes à moi, certains passages de Lost ou de Twin Peaks qui m'avaient vraiment scotché. A suivre
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