16.3.10

début

en regardant les quatre premières minutes, le prégénérique, de Lumière du nord de Sergueï Loznitsa, en priant que ça dure comme ça pendant tout le film — vision sublime d'une route recouverte de neige vue à travers le pare brise de la voiture qui roule —, j'ai un peu compris pourquoi j'aime le documentaire parfois plus que la fiction. Tout simplement parce que je m'y projette plus facilement. L'ennui avec le cinéma de fiction, c'est qu'il est hybride : il contient à la fois le réel et la fiction. Certes, tout documentaire est également, un peu, une fiction, mais les films de fiction ont souvent le défaut de fausser le réel, ou du moins de n'en laisser entrevoir qu'un fragment très pauvre (que voit-on de l'Amérique dans le cinéma hollywoodien ? Trois fois rien). Si les choses étaient bien faites, le réel ça serait le cinéma, et la fiction ça serait la littérature, et basta. Mais on ne peut pas exiger des choses trop entières et tranchées. Ça ne tient pas debout.
Quant au film de Loznitsa, sur lequel je reviendrai car je ne suis pas obligé de le regarder d'une traite, j'ai tout de même été déçu que cette longue traversée de villages enneigés, dont les seuls signes de vie étaient les chiens errants, postés comme des vigies sur les routes (typique des pays de l'Est), s'interrompe pour entrer dans le vif du sujet (un village, une maison, des habitants). Ce que j'aimais particulièrement, autant que la vision hypnotique de la route blanche, c'était le grondement continu de la voiture sur la route. Un son génial mêlant roulement et frottement. C'est encore plus beau quand elle croise une autre auto : on entend comme une harmonique flûtée. Bon je regarde le reste et j'y reviens, le cas échéant

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