14.1.10

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ceux qui parlent de cinéma et ne regardent les films que sur des écrans vidéo de 30 cm (ordinateurs) de long ou de 1 m maxi (téléviseurs) ne peuvent pas parler de cinéma.
Le poids et l'emprise de la télévision ont peu à peu fait oublier le vertige de la projection et de l'agrandissement.
On ne voit rien sur un écran miniature, les acteurs ne jouent pas pareil pour le cinéma et pour la télé. Au cinéma Mitchum n'avait qu'à légèrement plisser les yeux. Ça ne sera plus possible.
Le syndrome a atteint les réalisateurs, qui tournent leurs films en regardant un combo, comme s'ils étaient dans leur salon devant leur télé…
Si le cinéma mondial s'uniformise, s'il est obligé de devenir bruyant (car le son des petits écrans est faiblard) c'est pour cela.
Est-ce qu'on peut dire qu'on a vraiment vu un tableau quand on a vu sa reproduction dans un livre ?
Godard a eu jadis quelques réflexions fulgurantes sur ces questions (comme son histoire de lever les yeux quand on est au cinéma et les baisser devant un écran de télé).

Ne change rien de Pedro Costa : le parfait produit indé à offrir au bobo parisien pour Noël 2010. Si charmant et si futile. Jeanne Balibar chantant est-elle la Madame Jourdain de notre époque, la “bourgeoise gentille-femme” ? Costa filme chaque plan comme une pochette de disque (on imagine déjà l'expo à la Fnac). Il confond documentaire et photo. Depuis Tetro, une chose est sûre : on ne pourra plus tourner un plan de traviolle en noir et blanc sans faire rigoler… Coppola tête de veau…
Pendant ce temps une tisseuse leucémique dans une usine chinoise nous lamine le corps et l'esprit

“La cruelle amante de Jérôme, sensible, mais trop tard, à l'amour extrême que ce jeune homme avait eu pour elle, fut charmée de la proposition de son mari, qui la mettait à portée de rendre les derniers devoirs à celui dont elle avait, en quelque sorte, sujet de se reprocher la mort. Elle se couvrit donc d'une cape et arriva à l'église le cœur plein de tristesse. Qu'il est difficile de connaître les puissants effets de l'amour ! Le cœur de cette femme, que la brillante fortune de Jérôme n'avait pu toucher, fut vivement ému et attendri à la vue du convoi ; la passion qu'elle avait eue autrefois pour ce fidèle amant reprit tout à coup son premier empire. Son cœur s'ouvrit au repentir et à la plus vive compassion, et s'abandonnant entièrement à la douleur, elle suit le deuil dans l'église, perce la foule, pénètre jusqu'à l'endroit où repose le corps de Jérôme, se jette sur lui en sanglotant et en poussant un cri qui alla jusqu'au cœur des assistants. A peine eut-elle vu le visage de celui que le chagrin de n'avoir pu l'attendrir avait étouffé qu'elle fut étouffée elle-même par la force du sentiment douloureux de l'avoir perdu. Les autres femmes, sans savoir qui elle était à cause du voile qui la couvrait et qui la prenaient peut-être pour la mère du défunt, se mettent aussitôt en devoir de la consoler et de la faire retirer ; voyant qu'elle ne bougeait pas de place, elle la saisissent par le bras et la trouvent morte. Leur étonnement redoubla lorsque après lui avoir ôté le voile, elles la reconnaissent pour la fille de Silvestre, que Jérôme avait tendrement aimée.”
Giovanni Boccaccio : Le Décaméron

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