6.1.10

XX

rien à signaler sinon que cette manie des listes m'intrigue. Après avoir publié la liste des 100 meilleurs films de l'histoire du cinéma en 2008, puis celle des dix meilleurs de 2009, les Cahiers du cinéma font paresseusement leur dernière couv sur les dix meilleurs des années 2000. Ce qui me frappe plus qu'autre chose c'est à quel point c'est circonstanciel et bancal. Je ne me sens pas doté d'un meilleur goût que quiconque, mais lorsque je vois dans la liste d'un pilier de la revue connu pour son intérêt pour le cinéma indien le remake de Devdas de Sanjay Leela Bhansali, je suis perplexe *. J'avais moi même été assez dithyrambique sur le film à sa sortie. Mais honnêtement, ça reste un produit bollywoodien, dont l'énergie, la débauche de sons et de couleurs tournent tout de même à vide. Cela n'étant qu'un exemple parmi d'autres pour dire que ces listes ne valent que ce qu'elles valent et ont souvent le défaut d'être tributaires du moment où elles sont publiées. C'est comme dans les festivals. On a souvent tendance à valoriser les œuvre récentes et à minimiser celles qui ont été vues les premières. D'où de flagrantes injustices. Des oublis majeurs au début des années 2000 et une survalorisation des films de 2009. D'une certaine manière cela me conforte dans mes choix annuels, rarement en phase avec la majorité (je ne fais pas exprès : je n'aime pas les œuvres consensuelles). On est toujours le ringard de quelqu'un

* d'autant plus que par la suite, Bhansali a extrêmement déçu avec son mélo Black et sa comédie musicale Saawariya (transposition kitscho-vénitienne des Nuits blanches de Dostoïevski), qu'avec la meilleure volonté du monde je n'ai pu regarder qu'en baillant. Même pas sûr que j'aie vu ces deux films en entier tellement ils appartiennent à un cinéma de studio figé, préfabriqué, touristique. C'est à dire exactement le clinquant et la fausseté de la comédie musicale hollywoodienne des années 1950, mais sans le zeste de folie, d'impertinence, de fantaisie artiste qui caractérisaient le travail de Donen ou de Minnelli. Les films de Bhansali n'en sont que des ersatz lyophilisés qui arrivent rarement — à part un peu dans Devdas — à transcender leur mauvais goût incandescent (bien sûr il y a ça et là des éclats, des éclairs, mais ils ne suffisent pas)
P.S. Je dois dire que parmi les films contemporains de Bollywood le seul qui m'ait vraiment convaincu fut Dil Se… de Mani Ratman, avec l'inévitable Shahrukh Khan, qui mêle de façon étonnante chanson, amour et terrorisme. Drame, film politique et comédie musicale à la fois… Hélas inédit en France. Il y a aussi le sublimissime Pakeezah de Kamal Amrohi, mais c'est un cas à part (car tourné en urdu et non en hindi) et il n'est pas récent

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