15.6.10

mise au point

les gens ont des univers et des références très limités. Je le vois avec les critiques sur mon film, plein de défauts, certes, mais… Rectifions quelques erreurs. Hormis le prologue en couleurs (une VHS amateur de 1991), le film a été tourné en super-16mm, ensuite kinéscopé en 35 mm. Malheureusement on n'a pas pu le gonfler directement (manque de budget), d'où l'impression "vidéo" de l'ensemble.
Tout le monde parle de Lynch à propos de Crime. Mais c'est de la paresse intellectuelle. Exactement comme quand on qualifie un suspense de "hitchcockien". A ma connaissance, Hitchcock n'a pas inventé le suspense. Certes, l'influence de Lynch est là. J'ai été fan du cinéaste, jadis. Mais je n'ai nullement cherché à le copier. La bande son, par exemple, date de 1983-84. Je l'ai utilisée par économie, parce que ce travail sonore existait déjà (indépendamment du cinéma) et je ne pouvais pas travailler le son comme j'aurais voulu.
Le film est moins inspiré de Lynch que du cinéma et de la littérature de l'Est. Demandez à ma chef op : un des seuls exemples que je lui ai montré est une photo tirée d'un film de Sharunas Bartas. D'ailleurs toute une séquence s'inspire de Bartas. Ensuite, il y a, diffusément, partout dans le film, un esprit, une atmosphère, qui vient de ma passion pour Béla Tarr. Si j'avais pu, le film aurait plus ressemblé aux siens, car j'aurais tourné au steadycam. Enfin, il y a une idée, un élément très précis et concret, que j'ai directement copié sur un film russe (je ne dirais pas quoi, vous n'avez qu'à chercher). Par ailleurs, un critique de Télérama déclare comiquement que mon héros, qui a pourtant un nom assez clairement connoté, a un "look amish". N'importe quoi ! Il a un look mi-gitan, mi Raspoutine. J'ai déjà fait un parallèle photographique assez parlant plus haut dans le blog. Son nom lui-même, Muinski, est une déformation de Mychkine, le prince idiot de Dostoïevski. Le titre aussi s'inspire de Dostoïevski. C'est Crime, mais sans châtiment, parce que je pense que le monde est plus complexe que chez Dostoïevski ; souvent la frontière entre le mal et le bien n'existe pas vraiment, et un grand nombre de crimes restent impunis.
Par ailleurs, j'admire les films de Ossang, j'aime sa démarche, sa candeur, sa culture. Je l'ai toujours défendu — tout comme je défendrais Godard —, mais sans être réellement en phase avec son univers et son cinéma (je préfère le court Silencio de FJ à ses longs). J'aime surtout le mec, son allure, sa personne. Il me semblait avoir la bonne silhouette pour le personnage. Donc je comprends mal qu'on compare mon film aux siens. Il ne faut pas confondre la partie et le tout

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