6.2.10

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aperçu des bouts de Vol au-dessus d'un nid de coucou à la télé ce soir (en VF). Encore un film que j'avais oublié. Ça donnait envie de le revoir (ne serait-ce que parce que ça préfigure Man on the moon). Mais je sentais (ou me souvenais) que ça allait tourner au tragique, comme tous les films de H.P., alors j'ai laissé tomber. Cela dit, je ne sais pas… Le symbole politiquement correct de l'Indien, ça me laisse perplexe. Et puis comme beaucoup de films de l'époque (années 1970) ça semble un peu trop clean aujourd'hui

comme sujet de votre prochaine dissertation vous aurez à traiter le sujet suivant : est-ce que vous pleurez au cinéma ? Avec quelle fréquence ? Quels genres de films vous font pleurer ? (on ne sait jamais : il y a peut-être des gens qui sanglotent en regardant un porno). Pourquoi pleurez-vous ? Parce que la situation décrite est tragique ou bien parce que trop de beauté ou d'humanité vous submergent ? Pleurez-vous parfois en regardant des navets ? Avez vous honte et tentez vous de réprimer votre émotion (cacher vos larmes, les retenir) ? Restez-vous de marbre devant des films dont vous dites ensuite que ce sont des chefs-d'œuvre ?
Pour répondre à côté de mes questions je dirais que ce qui me fait le plus pleurer c'est la musique (phénomène psycho-physiologique, je pense). En revanche, la littérature, que j'aime autant que la musique, et plus que le cinéma, n'a jamais suscité d'émission lacrymale chez moi. Bizarre

j'écoute en boucle Being with you par Smokey Robinson. Vous connaissez Smokey ? Faites le écouter à Justin Timberlake…

j'habite dans la rue où vivait jadis Gilles Deleuze. Tout à l'heure en rentrant chez moi, je vois passer un groupe de jeunes gens, vingt-trente ans, allure sportive. Il devaient savoir que l'homme qui a réhabilité le mot “image” [tabou chez les cinéphiles purs et durs des années 1980, pour qui il n'y avait que des “plans"] avait vécu là puisqu'ils parlaient de lui. J'ai entendu l'un d'entre eux dire un truc du genre : "Son Abécédaire a changé ma vie”. Etonnant non
Curieusement, dans ma prime jeunesse j'ai fréquenté des groupes punks qui étaient très potes avec le coauteur de Deleuze, Félix Guattari… Tout ça pour dire que mon rapport avec Deleuze est assez light. Je n'ai jamais rien lu de lui. J'ai aperçu des bribes de son Abécédaire que j'ai trouvé excellentes, mais je ne suis jamais donné le mal de le voir en entier. Je me souviens avoir vu Deleuze à une projection d'un court métrage de sa fille, Emilie — où j'avais été par erreur.
Le nom Emilie Deleuze me fait penser à un personnage dont je n'ai jamais parlé, qui est sans doute la plus grande tragédie ou le plus grand crash du cinéma français : Stéphane Drouot, cinéaste qui est tombé littéralement en enfer après avoir réalisé un étonnant court métrage de SF (Star Suburb) dans son appartement du VIIIe arrondissement de Paris. Lequel court métrage avait été couvert de prix (César, Clermont, etc). On voit Stéphane dans Irréversible de Gaspar Noé (il me semble car je n'ai pas vu le film). A ma connaissance, Gaspar Noé, dont on peut dire ce qu'on voudra, a été un des rares a se soucier de ce pauvre garçon perdu. La compagne de Noé, Lucile Hadzihalilovic (auteur de l'étrange Innocence), Guillaume Bréaud (réalisateur de courts), et Emilie Deleuze, l'ont aussi soutenu. J'ai moi-même tenté de l'aider pendant quelques années, et puis je me suis totalement découragé (car j'avais l'impression que ça ne servait à rien, qu'il n'y avait rien à faire). Stéphane a fait énormément de conneries et je n'ai plus entendu parler de lui. Sauf par deux lettres complètement incohérentes, reçues aux Inrocks. Je ne sais pas si c'était un génie. Mais il était tellement ravagé qu'il ne pouvait que devenir une sorte d'Artaud du cinéma fantastique (ses scénarios étaient vraiment space) ou exploser en vol


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