k j’ai eu un jour l’idée d’adapter une nouvelle de Michelangelo Antonioni, parue dans son livre Rien que des mensonges. Une grande partie de ces textes, merveilleusement écrits, ou en tout cas très proches de son œuvre cinématographique, sont des embryons de films, des ébauches agrémentées de considérations très personnelles. J’avais jeté mon dévolu sur la nouvelle qui donne son titre au recueil original paru en Italie, Bowling sur le Tibre (Quel bowling sul Tevere). Elle est pour le moins elliptique et brutale. On y voit un homme d’âge mûr prendre sa voiture, s’arrêter devant un pré où jouent des enfants et les assassiner avec un revolver. Pas l’ombre d’une explication. Evidemment très cruel. Je n’aurais pas osé écrire une telle histoire. Surtout en raison de son apparente gratuité. Mais le nom d’Antonioni rendait la chose plus respectable (tout est relatif) et pouvait peut-être servir de caution au projet. C’était tellement bien décrit que je voyais tout de suite le court métrage qu’on pouvait en tirer… Encore fallait-il s’assurer l’accord de l’auteur pour l’adaptation, obtenir les droits. J’ai donc remonté la filière en partant de l’éditeur. J’ai fini par obtenir le téléphone d’Antonioni, je ne sais plus comment, non sans lui avoir préalablement écrit une lettre (il résidait Via Vincenzo Tiberio à Rome, sauf erreur). C’était bien sûr avant l’attaque cérébrale qui le laissa aphasique. Assez hésitant, je l’ai appelé. Il m’a répondu, en français, heureusement. L’échange n’a pas duré longtemps, mais il m’a signifié son refus, expliquant que, comme il l’écrit dans le livre, ce n’était que “l’embryon d’un film”, un simple “noyau narratif”. Je le comprends aisément. Aujourd’hui je n’aurais plus envie de tourner cette histoire. J’en suis à des projets plus radicaux (un long métrage totalement improvisé). Mais je ne regrette pas d’avoir essayé
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