k ce que j’ai préféré c’est peut-être le(s) plan(s) de l’immense rayon de céréales du supermarché filmé en diagonale (courte focale ?), qui désoriente le personnage principal ; il ne sait quelle boîte choisir. Ça dit que les supermarchés américains et la gabegie qu’ils représentent sont peut être encore plus aberrants et monstrueux que la guerre. Ceci n’étant qu’un échantillon de cet extraordinaire film de Kathryn Bigelow, Démineurs (The Hurt Locker), qui ridiculise par la même occasion son ex-mari, le gnangnan James Cameron. Pour imiter mes amis qui ont le superlatif facile, je dirais que c’est le meilleur film de guerre (voire d’action) de l’année.
Ce que j’adore, c’est sa sécheresse, son discours. Rien à voir avec toutes ces œuvres hypocrites qui radotent : la guerre c’est pas bien. Ici on annonce la couleur texto, d’entrée de jeu : “la guerre est une drogue”. D’un bout à l’autre, Bigelow illustre cet adage. La fin est à cet égard édifiante : après l’épisode du supermarché et d’autres, le sergent démineur shooté à l’adrénaline repart en Irak la fleur au fusil, presque guilleret sous son armure anti-bombe. Quasiment le film parfait. Oui, c’est idiot, mais pour une fois, je le dis. On pourra chercher tant qu’on voudra, mais jamais on ne pourra démonter ce film de A à Z. Il y a des cas irréfutables. Un trip intense, à couper le souffle, non exempt d’humanité, mais filmé quand même à l’os, et éludant toute idéologie. Bigelow filme la guerre comme un métier (même si c’est un sale métier). Il n’y a pas l’ombre d’une ambiguïté. Idéologiquement irréprochable. Ni pour ni contre (la guerre, les Irakiens, les Américains). Bigelow élève le débat, ne traitant pas seulement du conflit irakien actuel, mais du concept de guerre en général. Sans doute, s’il me fallait analyser, critiquer ce film, irais-je plus loin. Mais ce blog n’est pas un espace critique. C’est un bloc-notes où je consigne impressions, remarques, réactions à chaud.
On rétorquera que les qualités du film sont aussi des défauts ; quasiment une forme de neutralité pseudo-documentaire, qui l’empêche de décoller poétiquement. Mais il n’y a pas assez d’œuvres crues et directes. Cette absence de lyrisme est rafraîchissante. Ce n’est pas non plus le film où Bigelow (dont je connais mal l’œuvre) va le plus loin. Dans Le poids de l’eau, que j’avais défendu en son temps, elle poussait l’expérimentation jusqu’à l’abstraction, notamment par le biais d’un montage fracassé enchevêtrant passé lointain et présent. Ici, elle s’en tient aux regards subjectifs des uns et des autres, des uns sur les autres, – car c’est un film sur le regard et la surveillance –, membres d’une équipe de démineurs en Irak (on voit peu le point de vue des combattants irakiens). Bigelow ne nous brosse pas dans le sens du poil, mais elle m’a totalement bluffé. Sans problèmes la plus grande réalisatrice américaine (re-superlatif !!!). Et pas seulement en taille
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
no entiendo