28.7.09

-•-smör`gås`bord-•-

k d'une part il y a cette recrudescence du cinéma guerrier (Star Trek/Terminator/Transformers), effet collatéral des guerres d'Irak/Afghanistan actuelles ; d'autre part cela traduit un trop plein de pulsions que le cinéma américain est INCAPABLE d'expulser par la voie normale, le sexe (seuls contre-exemples récents, très timorés, GFE de Soderbergh et I love you Phillip Morris, précisément banni des USA pour son contenu homo). Donc guerre et explosions continuelles (également présentes dans les films de superhéros, continuation de la guerre sur le terrain civil et urbain). Mais à force de surenchérir on tombe dans le n'importe quoi. Stephen Sommers avec G.I. Joe, le réveil du Cobra, réutilise la recette studio/effets spéciaux qui lui avait réussi avec ses lourdauds Momie 1 et 2. Ce qui ne va pas c'est la manie/ennui du décor spectaculaire. Les principaux lieux de l'action sont situés n'importe où en sous-sol (Pôle Nord, Egypte, Etats Unis). Comme ça se passe sous-terre, il n'y a pas de vitres, plus d'extérieurs, plus de repères. Donc, à chaque fois on se retrouve dans une sorte de gigantesque boîte de nuit high-tech d'environ 1km de long et de haut, bardée de loupiotes ; lieu propice aux explosions et aux effets spéciaux. Abstraction totale. Les séquences d'extérieurs, elles, sont archi-trafiquées. Le film se déroule en partie à Paris ; le clou du spectacle étant l'effondrement de la Tour Eiffel (effet 11 septembre) détruite par des nano-bombes mangeuses de métal… L'effondrement en soi est fort joli. Mais les courses poursuite dans Paris n'ont pas été tournées en France, mais à Prague. Par la magie gluante des effets numériques, on ne s'en rend pas trop compte (sauf moi, qui m'ennuyais trop et ai reconnu l'ocre baroque des pays de l'Est). Mais cela ajoute à l'effacement de tous les repères. Tout ça pour nous resservir un ersatz jamesbondien de plus. Au moins dans Dr. No, on voyait la vraie Jamaïque, pas un fond d'écran travaillé à la palette graphique.
Amusant tout de même : l'héroïne (car, malgré le titre, il y a des femmes) est incarnée par Sienna Miller, que j'ai retrouvée quelques heures plus tard, déglamourisée, dans
The September Issue, documentaire sur Vogue, où elle fait la cover-girl pour le numéro de septembre du magazine, posant des problèmes à la rédaction à cause de la médiocrité (flagrante) de sa chevelure. Même dans un documentaire lisse à mourir, il y a encore des choses qui accrochent, des petits problèmes triviaux, plus passionnants que l'enfer immatériel des contes de fées modernes.
Le Oliveira, lui, est évidemment un repos/régal pour les yeux (d'ailleurs, quand Oliveira filme Paris, il le rend aimable, lui).
Singularités d'une jeune fille blonde est un objet formidablement plaisant, par sa construction, ses dispositifs — un homme raconte à une inconnue dans un train la découverte de la jeune fille du titre à travers une fenêtre et sa déconvenue amoureuse. En même temps, et même si Oliveira est centenaire, on aurait aimé qu'il adapte un peu plus la nouvelle dont il s'est inspiré. Il s'est contenté de la transposer telle quelle dans le monde contemporain, sans faire sans vraiment chercher des résonances plus contemporaines. La problématique morale du héros y apparaît, du coup, désuette. Le film en devient un charmant objet surrané ; tout comme l'héroïne, qui n'a guère droit au chapitre (sois belle et tais-toi). Dommage, car si elle avait existé un peu plus qu'un charmant tableau dans un cadre (la demoiselle à l'éventail japonais) il y aurait sans doute eu une tension qui manque un peu. Ça vole évidemment à mille pieds au-dessus de la concurrence…

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