13.7.09

si-no

je parie un baril de cacahuètes à qui le veut que la sortie de Portrait de femmes chinoises (titre bateau qui ne vaut pas le titre anglais : Knitting) de Yin Lichuan le 5 août va passer complètement inaperçue (cf. ma réflexion sur le cinéma non-occidental, éternellement méprisé). Pourtant ce beau et simple film chinois sur un triangle amoureux bancal est ce qu'on a vu de plus plaisant depuis longtemps. Il assume la condition humaine sans le moindre surplomb, sans la moindre fioriture, le moindre rond de jambes pour entrer en matière. Le genre de film qui commence comme par inadvertance. Les choses sont là, crues et brutes. L'image est soignée mais sans en faire tout un plat. J'adore pour ma part les plans larges, paysages urbains souvent avec les héros au loin, qui ont en commun avec les autres films chinois une profondeur de champ absolue. Pas de flou. La vie comme elle vient, sans scène d'exposition comme les Américains les aiment tant. Autre détail risible du cinéma américain, la manie de commencer les dialogues par le prénom de son interlocuteur (“Rich, qu'est-ce que tu fais là ?" ; "Samantha, va voir ton père !"). Rien de ça chez Yin Lichuan, par ailleurs romancière, dont le récit avance par à-coups, progresse par non-dits et coups de théâtre inexpliqués. Des personnages disparaissent, réapparaissent, semblent s'enrichir soudain, n'ont pas d'argent. C'est bourré de mystères comme la vie des autres. Il y a même des plans que je ne comprends pas : qui est cet homme inconnu avec un sac sur l'épaule que l'on voit clairement entrer dans un immeuble ? Aussi des dialogues non suivis d'effet… Pourquoi vient-on dire au héros de venir parce qu'on veut lui parler, de quoi s'agit-il ? Finalement on s'en moque car ce qui compte ici, c'est la contemplation (non mystique), dont le corollaire peut-être l'attitude contemplative (passive) de l'héroïne, un peu larguée, au physique un peu quelconque, que tout le monde traite par dessous la jambe. Le film lui donne sa revanche dans la superbe scène où elle tombe dans un vaste trou dont elle ne peut plus sortir. Béance suprême

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