30.11.09

Ô--------Ô

le meilleur film de Juliette Binoche. Elle apparaît deux minutes à tout casser dans l’étonnant Shirin de Kiarostami (hélas elle a un rôle plus important dans le prochain, Copie conforme), un visage français parmi une centaine de visages de femmes iraniennes en train de regarder un film. C’est en fait la transposition en long métrage de la brève contribution du cinéaste pour le film collectif Chacun son cinéma. Je reviendrai ou pas sur Shirin, que je trouve passionnant à sa manière, et qui confirme le surcroît d’audace du cinéma iranien. Ce qui m’a le plus frappé c’est qu’à la projection (de presse) ce matin, nous n’étions que deux dans la salle. Abbas Kiarostami, qui était la coqueluche du cinéma d’auteur il y a une quinzaine d’années, en gros, ne fait plus un strapontin. A mon sens, ce n’est pas Kiarostami qui est en cause, même s’il est clair que peu de spectateurs de cinéma ont envie de voir un film sur des spectateurs de cinéma (pourtant ça peut être passionnant). C'est lié à ce que je signalais il y a quelque temps et que je trouve franchement inquiétant : un rejet croissant de la part des cinéphiles occidentaux pour tout ce qui n’est pas occidental (Japon/Chine/Corée exceptés, et encore). Je ne parlerai pas de xénophobie ni de racisme (quoique), mais il est clair qu’en dépit des festivals internationaux où l’on voit de tout, les critiques français ne s’excitent guère que sur les cinémas américains et français (voir la salle pleine à craquer pour le biopic Gainsbourg), alors que ce sont pratiquement les moins intéressants (inventifs). Le résultat c’est que tout un pan du cinéma mondial ne circule plus et que chaque pays consomme sa propre production sur place sans l’exporter. Dans les années 1960-70, on se passionnait, on débattait sur les cinémas brésilien, canadien, états-unien, bolivien, argentin, mexicain, cubain, hollandais, suédois, anglais, allemand, français, italien, groenlandais (je plaisante), soviétique (russe), tchèque, yougoslave, polonais, suisse, italien, syrien, égyptien, sénégalais, algérien, indien, japonais, indonésien. Je n’ai cité (avec des oublis) que les cinématographies qui avaient pignon sur rue à l’époque, qui avaient chacune son (ses) auteur(s) phare(s), comme Bergman en Suède, Rocha au Brésil, etc. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

P.S. Ce soir j'ai vu un affreux péplum moraliste, Agora (réalisé en anglais par un Espagnol, signe des temps)

c'est amusant, dès que j'écris le moindre mot, il y a quelqu'un qui se connecte… Il y a des alertes spéciales ?

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