"il m'a fallu beaucoup contempler d'ombres pour pouvoir faire avancer mon rêve d'ombres. Et ensuite il m'a fallu beaucoup de rêve et de contemplation pour mettre les deux ensemble, et véritablement voir dans les ombres ce que je voyais dans mon rêve" C. C.
30.12.09
AXI-den
29.12.09
ruizien
27.12.09
~-Ô-~
† découvert incidemment une série récente de très courts métrages réalisés par des cinéastes célèbres et des people : One Dream Rush. 42 films de 42 secondes chacun, produits par une marque de vodka (!). Celui de Lynch est égal à lui-même : du Lynch basique, auto-académique. Je n’en dirai même pas autant du pitoyable segment surréaliste de Carax (Helena Christensen voit avec ses seins !). Idem pour Abel Ferrara.
Les seuls à tirer leur épingle du jeu — parmi ceux que j'ai vus — sont Asia Argento, avec S/he, fête transsexuelle inspirée (clic ®), et Harmony Korine avec son Crutchnap complètement allumé (clic ®). Il y en a même un de Kenneth Anger, simplement intitulé Death. Evidemment très décevant, comme la plupart de ses courts récents. Mais ça fait plaisir de voir que Anger est toujours actif à 80 ans passés. Me replongeant par hasard dans certaines de ses interviews filmées, j’ai découvert un de ses projets incongrus (pléonasme). Il raconte que le sulfureux Aleister Crowley, star du satanisme qui fit jadis l’objet d’un culte dans le milieu rock (il figure sur la pochette de Sergeant Pepper’s des Beatles) aurait écrit un scénario de comédie burlesque inspiré par sa vie en Sicile. Le titre : Spaghetti ( !). En disciple dévoué, Anger (=colère), dont le vrai nom est Anglemyer, serait prêt à tourner ce Spaghetti endiablé. On n'en attend pas moins d'un adepte de LUCIFER (tatoué en lettres gothiques sur sa poitrine)
26.12.09
3dddddddddddddddddddddddddd
† (je sais je me répète) on raconte régulièrement que le cinéma en relief a fait d’immenses progrès. Du pipeau : rien n’a changé depuis trente ans. Ça se perfectionne un peu, mais à peine. On a beau utiliser un projecteur au lieu de deux à la fois, le principe des lunettes et de la projection polarisée datant des années 1950 est conservé. Ouais, les lunettes ne sont plus en carton. Super. On utilise parfois le système (avec lunettes) à cristaux liquides, mais si c’est celui que j’ai vu plusieurs fois (où les verres clignotent alternativement), ça ne change pas grand chose. Il y a un problème majeur, dont personne ne semble avoir conscience : l’image est fortement assombrie par les lunettes. Pendant la projection d’Avatar, j’ai constaté que l’exposition était meilleure (et le film presque regardable) sans les lunettes. Je ne comprends pas pourquoi cela n’est pas réglé en amont ; en surexposant le film au tirage on obtiendrait une luminosité à peu près normale avec les lunettes assombrissantes.
Je ne vois qu'une explication à cette frénésie du relief : compliquer énormément la tâche des pirates qui refilment les films dans les salles pour les diffuser sur le net. Si on me laisse le choix, je préfère nettement la solution 2D, moins contraignante pour le nerf optique. Je ne suis pas un foudre de technique, mais je me suis toujours intéressé aux progrès du cinéma et j’ai toujours été à l’affût. Mon tout premier article pour les Cahiers du cinéma, en 1982, aurait dû être un long historique du cinéma en relief. Article jamais publié, qui fut immédiatement suivi par un compte rendu des balbutiements du cinéma holographique — qui fut publié, lui. Car en 1982, on réalisait des films en relief holographique. C’est à dire qu’on pouvait obtenir l’impression de la troisième dimension sans prothèses visuelles. Evidemment, c’était extrêmement primitif, mis au point par deux cinéastes expérimentaux (Claudine Eizykman et Guy Fihman). Mais ces recherches étaient prometteuses. On entrevoyait une vraie révolution. Elle n’a pas eu lieu. Pourquoi ? Au lieu de perdre son temps à améliorer le cinéma polarisé, pourquoi n’a-t-on pas misé à fond sur le cinéma holographique ? Ce que j’ai vu était une préhistoire, mais elle était impressionnante. James Cameron aurait pu allouer une partie de ses millions de dollars à explorer ce domaine encore vierge. Lorsque le cinéma holographique sera opérationnel, il rejoindra les rêves de la SF, où l’on projette son double à distance. On peut parier que le cinéaste le plus commercial du monde, qui n’est pas un vrai précurseur puisqu’il ramasse toutes les idées qui traînent et plagie tout ce qu'il peut, sera coiffé au poteau par un collègue moins mercantile. Espérons qu’à ce moment là, ce rapace ne ramènera pas encore une fois la couverture à lui.
23.12.09
ksksks
≠21===23™
† il y a quelque temps, j’ai découvert (à retardement) que France Musique avait réactivé sa Tribune des critiques de disques, qui avait déjà existé de 1946 à 1984 (je ne sais pas sur quel poste au départ, car France Musique n’a été fondé qu’en 1959). Emission créée par Armand Panigel, également producteur et historien de cinéma. Contrairement au cinéma (en général) et à la littérature (toujours), la musique classique ne produit presque jamais de prototypes, mais des reproductions. On a donc moins affaire à des créateurs qu’à des interprètes. Peut-être cela rend-il justement cette émission passionnante. Elle est animée par François Hudry, accompagné d'un aréopage de critiques, qui comparent plusieurs versions d’une même œuvre. L'inverse du Masque et la plume de France Inter où l’on ne traite que d’objets uniques et récents.
On pourrait faire un peu la même chose en inventoriant les remakes et sequels d’un film. On se bidonnerait en comparant par exemple les suites oubliées (y compris par moi) de Psychose de Hitchcock : Psychose II, III et IV, toujours avec (et même de) Anthony Perkins, que son personnage avait rendu à moitié dingue — il a fini par se prendre pour Norman Bates —, ou le remake du film, image par image, par Gus Van Sant ; ou bien 2010 de Peter Hyams, suite (également bien oubliée) de 2001 de Kubrick ; ou bien les 25 Vendredi 13, Freddy et Halloween.
L’émission de France Musique rend modeste les critiques de cinéma car leurs collègues mélomanes sont infiniment plus précis et connaisseurs de leur art (ils analysent en détail tous les éléments d'une interprétation). Le vocabulaire de la critique de cinéma est un des plus pauvres qui soient. Je ne m’exclus pas du lot. Je dirais pour ma défense que je ne suis critique que par défaut. Un simple amateur. Un imposteur même
22.12.09
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21.12.09
sfsfsfsfsfsfsfsfsfsfsfsfsfsfsfsfsfsfsfs
20.12.09
blaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
18.12.09
17.12.09
mod-mod-mode-modes_______________________________________________
† erratum : Lovely bones sortant le 10 février, il sera en lice pour la compétition de 2010. Pour le remplacer je propose Hôtel Woodstock de Ang Lee, auquel je décerne le Navet d’Or 2009
† petite explication de texte sur le Best of 2009 :
• Tokyo Sonata de Kiyoshi Kurosawa — ça fait longtemps que je cite Kurosawa dans mes best of annuels. D’habitude je suis un peu seul. Cette année, K est sorti du genre fantastique, alors on a crié au miracle, on a décrété qu'il était sauvé, qu'il était enfin devenu adulte. Je pense qu'il est plus grand dans le fantastique — la scène où le garçon joue du piano à la fin, est limite putassière, téléramesque —, mais il y a d'autres aspects très réussis, donc je le classe encore dans les meilleurs cette année. Je me souviens de Cronenberg, méprisé par la critique bien pensante à l’époque de Scanners et même Vidéodrome, qui est devenu soudain un génie lorsqu’il est sorti du genre. La critique et les festivals peuvent tuer des cinéastes, en faire des académiciens bien pensants et bien filmants. Cronenberg est un bon exemple. J'ai trouvé son Eastern promises assez médiocre dans l'ensemble, bien que tout le monde se soit extasié
• Ponyo sur la falaise de Hayao Miyazaki — je n’avais pas été convaincu par ses précédents films. Mais là il a retrouvé le sens de l’espace et des éléments. Le plus grand des cinéastes animistes/panthéistes
• Un lac de Philippe Grandrieux — idem, son incursion branchée en Bulgarie dans un hôtel de passe m’avait beaucoup déçu (horrifié). Là il renoue avec la simplicité du conte de fées qui faisait la force de Sombre
• Gamperaliya – changement au village de Lester James Peries — pas une découverte, mais une confirmation : LJ Peries est le Satiyajit Ray sri-lankais
• Winnipeg mon amour de Guy Maddin — lui aussi me déçoit en bien en mêlant documentaire et fiction comme il ne l’avait jamais fait. Son idée de série (dans le film) sur un homme qui à chaque épisode se tient sur le rebord d’une fenêtre d’immeuble, prêt à sauter (Ledge man), est excellente. Il devrait la tourner… “The Forks, the Lap, the Fur”. J'ai découvert jadis qu’on tournait des dizaines de films canadiens anglais chaque année et qu'ils ne sortaient presque jamais chez nous (conséquence évidente du protectionnisme yankee). Pourtant j'en avais vu de fort singuliers
• Irène d’Alain Cavalier — j’ai hélas loupé tous ses autres films intimistes en vidéo. Mais là c’est formidable. Le cinéaste qui me rend le plus jaloux et me (re)donne le plus envie de tourner des films
• Panique au village de Vincent Patar et Stéphane Aubier — j’ai été très agréablement surpris de constater que le critique du Village Voice, le recommandable Jim Hoberman, était très dubitatif sur Avatar, et citait comme contre-exemple Panique au village, dont la fantaisie et le sens de la couleur étaient pour lui infiniment supérieurs…
• Les Herbes folles d'Alain Resnais — Resnais, idem, remonte dans mon estime avec ce film que je n’aime pas intégralement, mais dans lequel le sens de l’incertitude, les variations infinies du récit à partir d’un énoncé de départ élémentaire, me semblent approcher ce qu’on pourrait appeler un total délire fractal —— et puis j'ai redécouvert Sabine Azéma, que certains détestent, mais que j'ai, moi, toujours rêvé de voir en méchante de film d'horreur
• Lettre à la prison de Marc Scialom — extraordinaire incunable, qui est le seul film poème de l’année : mélopée hypnotique des mots et des plans. Franchement, un vrai dépaysement, comme disent les guides touristiques
• Les Chats persans de Bahman Ghobadi — jamais vu un film iranien aussi ludique et rentre-dedans. Musicalement excellent de surcroît. Si on pouvait avoir l’équivalent en France…
• Violent days de Lucile Chaufour — un peu la réponse française aux Chats persans, mais exclusivement sous l’angle (rétro) du rockabilly. J’ai aimé l’alternance permanente entre fiction et documentaire, et l’association entre rock’n’roll et monde ouvrier. Il y a aussi une vraie beauté formelle. Dommage que la réalisatrice, qui joue le rôle principal, ne joue pas dans d’autres films
• The pleasure of being robbed de Joshua Safdie — le film américain le plus libre et ludique de l’année. J’ai adoré cette impression permanente d’imprévu, ce plaisir fou et idiot de filmer. Le seul dont je suis sorti quasiment euphorique
• Wendy and Lucy de Kelly Reichardt — un film social mais pas misérabiliste. Ce qui est formidable c’est le côté infinitésimal du récit. La vraie vie n’est pas ailleurs. Elle est là
† petite remarque à propos de la notion de sauvagerie et d’animalité. Dans Fantastic Mr. Fox, le héros, un renard (voix de G. Clooney), ne cesse de rabâcher qu’il est un animal “sauvage”. Cette sorte de méthode Coué semble servir d'alibi et de contrepoint à sa vie, à son attitude, à son mode de vie civilisé (il est journaliste). Les trois derniers films qui évoquent le plus l’animalité et la vie sauvage sont des films d’animation : Max et les maximonstres, dont le titre original est précisément : “La où se trouvent les choses sauvages” ; Avatar, sans doute le film le plus sophistiqué, techniquement, de tous les temps ; et Fantastic Mr Fox, animation plus à l’ancienne. Ceux qui revendiquent la sauvagerie sont des laborantins en blouse blanche travaillant dans les officines aseptisées (enfin pas Spike Jonze, mais de toute façon c’est une façon de parler). Il va y avoir un film sur la vraie vie sauvage, intitulé Océans (taxé de “naturaliste” dans le Film Français), mais c'est une vision très clean de la mer et des poissons, décorative, presque plastique (d’où un passable ennui pendant de longs moments). Sans parler de l’inévitable cache-sexe musical. Ceci pour dire que tous ces cinéastes qui n’ont que le mot “sauvage” à la bouche, qui pleurnichent sur le sort des Indiens (Avatar), devraient prendre leur caméra et aller tourner la fiction la plus roots possible quelque part dans un coin encore un peu préservé. Ça me convaincrait plus que ces Stroumpfs géants dépositaires d’une pseudo-sagesse ancestrale, tout droit sortis du cerveau d’un cinéaste hypocrite qui, il y a quelques décennies, cautionnait à fond (dans True Lies) le racisme qu'il fait mine de dénoncer aujourd'hui — P.S. tout à coup, je me rappelle que Cameron est né au Canada, mais ça ne change rien au problème
† note connexe, qui recoupe mes réflexions précédentes : à quoi sert une critique qui vole au secours du succès ? Je ne dis pas qu'il faut seulement aimer et défendre ce qui est obscur, caché, bizarre, souterrain. Je dis que les critiques qui ont le même goût que le public international, qui sont autant asservis aux visions et valeurs du cinéma américain, ne servent quasiment à rien. Je sais qu'on va me répondre que là n'est pas le but recherché, que ce qu'on veut mettre en évidence c'est une plus value esthétique cachée dans le cinéma hollywoodien, qu'il soit commercial ou non (ou dans les séries télé, nouveau dada). Oui mais pourquoi seulement les Etats-Unis ? Sont-ils seuls à faire du (bon) cinéma ? Le grand spectacle a-t-il besoin d'une caution intellectuelle. Si on met en avant une quelconque politique des auteurs, je ne vois pas où sont les nouveaux auteurs. Quels sont-ils ? Michael Mann, James Cameron, Paul Greengrass ? Et Tim Burton ? A la trappe ? Et Sam Raimi (on a glosé sur Spiderman 1 de long en large) ? Oublié ? Et les frères Wachowski ? Et Michael Bay, bon ou méchant ? Tout ça n'a pas de sens. On défend l'un ou l'autre bec et ongles, puis peu de temps après, il est soudain has-been, et on le remplace par un autre sans état d'âme. Ça ne ressemble nullement à la théorie des auteurs d'antan où Hitchcock et Hawks (ou même Welles) étaient des dieux indéboulonnables. Ici on ne voit qu'un registre : la consommation immédiate. Un clou chasse l'autre. Si on pense que James Cameron ou Richard Kelly sont des auteurs, il serait bon de s'atteler sérieusement à la tâche pour le démontrer. Sinon, tout est condamné à une amnésie et un recyclage permanents. Pas la peine de s'exciter toutes les cinq minutes pour trois fois rien
15.12.09
*****TOP 2009*****
† pour faire comme tout le monde, voici mon Top 15 de l'année, sans ordre particulier car je n'ai jamais su faire de hiérarchie (mon côté libertaire) :
• Tokyo Sonata de Kiyoshi Kurosawa
• Ponyo sur la falaise de Hayao Miyazaki
• Un lac de Philippe Grandrieux
• Gamperaliya – changement au village de Lester James Peries
• Winnipeg mon amour de Guy Maddin
• Irène d’Alain Cavalier
• Panique au village de Vincent Patar et Stéphane Aubier
• Les Herbes folles d'Alain Resnais
• Lettre à la prison de Marc Scialom
• Les Chats persans de Bahman Ghobadi
• Violent days de Lucile Chaufour
• The pleasure of being robbed de Joshua Safdie
• Wendy and Lucy de Kelly Reichardt
En prime un clip fabuleux :
• Wrong (Depeche Mode) de Patrick Daughters — c'est aussi un excellent morceau
… et un inédit bluffant (DVD) :
• Meurtres de Drew Barnhardt — j'y reviendrai un jour ou l'autre pour dire à quel point ce qui ressemble de prime abord à un simple slasher movie est novateur
J'aimerais bien aussi faire un Top Naze de l'année, mais c'est difficile car il y a l'embarras du choix. Pour l'instant, je décerne le Navet d'Or à Lovely Bones de Peter Jackson
14.12.09
((((((ml;klm+dfkhm))))))
12.12.09
RF
11.12.09
{ avasteaktartare }
† gentil, mais assez hésitant sur le style, le ton, voire le sujet, La terre de la folie de Luc Moullet est une docufiction ou une fiction documentaire sur des meurtres commis dans les Alpes de Haute Provence, plus précisément dans un pentagone que le cinéaste délimite lui-même avec un élastique sur une carte devant la caméra. Est-ce autre chose qu’une version gentiment rigolarde de ces émissions très en vogue à la télé sur les faits divers, type Faites entrer l’accusé ? Le pentagone reste l’idée la plus originale. Mais j’ai préféré l’entretien du dossier de presse, où Moullet explique que l’idée du film provient de sa manie des listes. A l’occasion, il défend sa politique de films à budget réduits, au diapason de son existence frugale, ajoutant que “de toute façon, le film le plus cher d’un cinéaste est presque toujours le plus mauvais, ou en tout cas le plus décevant”. Il cite en exemple Cléopâtre, Les 55 jours de Pékin, L’étau, Le Messie, La terre des Pharaons, Simon le pêcheur, Le Sang des autres, La sirène du Mississippi, Tout va bien, Ali Baba, Un sac de billes, Casanova, etc. Cela correspond exactement à ma vieille théorie selon laquelle au-delà d’un certain budget, on ne peut pas faire un film valable. Quand un film coûte très cher, le réalisateur doit sans cesse rendre des comptes, et il lui est matériellement impossible de tout contrôler. Il est prisonnier de ce budget, contraint à toutes sortes de concessions par les épiciers qui l’ont financé et espèrent non seulement rentrer dans leurs frais mais faire des gros bénéfices. On peut appliquer ce principe à James Cameron qui, après avoir crevé le plafond du box-office avec son Titanic, est condamné aux mégabudgets et aux mégarecettes. Certes son Avatar n’est pas le plus gros budget de tous les temps, et certains avancent des sommes farfelues, mais, quoi qu’il en soit, son budget est supérieur à celui de Titanic : environ 230 millions de dollars, selon la source la moins inflationniste (sans compter le poste pharamineux du marketing). Cameron doit donc obligatoirement ratisser large, et viser le public familial (parents et enfants) pour rentabiliser sa camelote. D’où la mièvrerie du produit final, qui ressemble exactement à ce que je prédisais (Apocalyse now meets Bambi). Je ne m’étendrai pas sur le fait qu’il a fallu des milliers de produits chimiques, des tonnes d’ordinateurs, de machines, une ingénierie gigantesque pour produire cet hymne lyophilisé et bariolé (au-delà de l’entendement) à la vie sauvage*. Et les produits dérivés made in China, ils sont BIO ?
* comme dit le critique de The Guardian, “It really is like a Yes album cover come to life.” Ça ressemble à une pochette de disque animée du groupe Yes…
Je ne vais pas m’étendre sur le fond ni le sujet du film, qui me font tordre de rire. Ce n’est qu’un produit de fête foraine parmi d’autres. A propos de gadget de fête foraine, on nous impose les lunettes car c’est projeté en 3D, procédé qui n’est toujours pas au point, provoque un réel inconfort visuel (j’enlevais tout le temps les lunettes) et a le défaut d’assombrir l’image (l’exposition est plus juste sans les lunettes). Je suspecte qu’on utilise le 3D uniquement pour servir de parade au piratage (plus difficile à copier). Autrement je ne vois pas l’intérêt. Ils ont inventé un faux nouveau procédé, le “RealD 3D” : “Le Real3D crée une profondeur qui vous plonge au cœur de l’action, que vous marchiez au côtés des héros dans un monde nouveau ou que vous cherchiez à éviter des objets qui semblent voler à travers la salle”. Ceux qui nous racontent que le relief a énormément évolué sont des menteurs. Dans les années 80, voire 50, le relief en était pratiquement déjà au même stade (on utilise les lunettes polarisantes depuis longtemps). Vous pourrez bientôt le vérifier avec une rétrospective de films en relief à la Cinémathèque Française.
Par ailleurs, je remarque que sans faire injure à Cameron en lui disant qu’il a copié sur les aventures des Stroumpfs, il est clair qu’il a pompé sur La planète sauvage de Laloux (d’après Wuhl) et aussi sur le moins connu et plus récent (2003) Kaena, la prophétie, de Chris Delaporte et Pascal Pinon (bande-annonce clic ®). Notamment cette histoire écolo new-age d’arbre géant, comme source de vie et habitat tribal (on retrouve aussi ça dans Eden Log de Franck Vestiel). Selon certains, il se serait en plus inspiré du récent film d’animation Delgo (où on trouve des montures volantes similaires), qui a l’air bien plus délirant qu’Avatar. Je ne m’étendrai pas non plus sur la référence aux peuples dits primitifs, qui est du niveau maternelle, par rapport à ce que l’on peut lire dans les best-sellers séminaux de Carlos Castaneda ou de Lévi-Strauss. Il est clair que Cameron n’a jamais lu Tristes tropiques — son public non plus. Au-delà de tous ces discours et de ce pipeau politiquement correct (wouah la parodie de la guerre d’Irak, la phrase sur “la guerre à la terreur”), c’est juste un ride où on se balade dans une forêt fluo en regardant les beaux champignons roses et les belles méduses volantes.
Pour finir, quelques extraits du dossier de presse qui m’ont beaucoup plu :
- “Avatar vous entraîne dans un univers qui repousse les limites de notre imagination”. Parle pour toi, James !
- “Avatar offre une expérience cinématographique unique”. Pas autant que Shirin de Kiarostami où on était deux à la projo de presse !
- “Une technologie révolutionnaire inventée pour le film qui laisse toute sa place à l’authenticité émotionnelle des personnages, pour une immersion totale du spectateur dans l’intensité de l’histoire”. On ne se lasse pas de ce verbiage publicitaire pondu par des marchands de jouets !
8.12.09
€€€€€€€€€€€€€€€€€€€€€€€
U$$$$$
7.12.09
rien
5.12.09
! hey ho let's go !
3.12.09
6666999999-======++++++
2.12.09
/// blog II
1.12.09
>-)°[-<
30.11.09
Ô--------Ô
† le meilleur film de Juliette Binoche. Elle apparaît deux minutes à tout casser dans l’étonnant Shirin de Kiarostami (hélas elle a un rôle plus important dans le prochain, Copie conforme), un visage français parmi une centaine de visages de femmes iraniennes en train de regarder un film. C’est en fait la transposition en long métrage de la brève contribution du cinéaste pour le film collectif Chacun son cinéma. Je reviendrai ou pas sur Shirin, que je trouve passionnant à sa manière, et qui confirme le surcroît d’audace du cinéma iranien. Ce qui m’a le plus frappé c’est qu’à la projection (de presse) ce matin, nous n’étions que deux dans la salle. Abbas Kiarostami, qui était la coqueluche du cinéma d’auteur il y a une quinzaine d’années, en gros, ne fait plus un strapontin. A mon sens, ce n’est pas Kiarostami qui est en cause, même s’il est clair que peu de spectateurs de cinéma ont envie de voir un film sur des spectateurs de cinéma (pourtant ça peut être passionnant). C'est lié à ce que je signalais il y a quelque temps et que je trouve franchement inquiétant : un rejet croissant de la part des cinéphiles occidentaux pour tout ce qui n’est pas occidental (Japon/Chine/Corée exceptés, et encore). Je ne parlerai pas de xénophobie ni de racisme (quoique), mais il est clair qu’en dépit des festivals internationaux où l’on voit de tout, les critiques français ne s’excitent guère que sur les cinémas américains et français (voir la salle pleine à craquer pour le biopic Gainsbourg), alors que ce sont pratiquement les moins intéressants (inventifs). Le résultat c’est que tout un pan du cinéma mondial ne circule plus et que chaque pays consomme sa propre production sur place sans l’exporter. Dans les années 1960-70, on se passionnait, on débattait sur les cinémas brésilien, canadien, états-unien, bolivien, argentin, mexicain, cubain, hollandais, suédois, anglais, allemand, français, italien, groenlandais (je plaisante), soviétique (russe), tchèque, yougoslave, polonais, suisse, italien, syrien, égyptien, sénégalais, algérien, indien, japonais, indonésien. Je n’ai cité (avec des oublis) que les cinématographies qui avaient pignon sur rue à l’époque, qui avaient chacune son (ses) auteur(s) phare(s), comme Bergman en Suède, Rocha au Brésil, etc. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
P.S. Ce soir j'ai vu un affreux péplum moraliste, Agora (réalisé en anglais par un Espagnol, signe des temps)
c'est amusant, dès que j'écris le moindre mot, il y a quelqu'un qui se connecte… Il y a des alertes spéciales ?